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   La baie de Bougie allonge sa courbe aisée entre le Cap Carbon à l'ouest et les bleus festons de la Kabylie à l'est. La mer y est d'un bleu d'azur et le petit port étage ses maisons serrées sur une pente rapide. En bas, la Porte Sarrazine reste le témoin du passé. La promenade du Cap Carbon offre, plus haut, ses verdures variées d'oliviers antiques et d'eucalyptus aux plumages retombants. A un niveau plus bas, tout près de l'eau, un sentier court au bord de la falaise. Mais pour l'atteindre ce sentier, ou plutôt cet étroit passage, creusé au vif de la roche, il faut traverser la zone du travail. Bruit sourd de machines, hautes usines aux fenêtres obstruées de poussière : c'est une exploitation de chaux dont la poudre impalpable flotte jusque sur l'eau toute proche. Plus loin, un travail gigantesque s'accomplit, des rails courent le long du Cap, non seulement jusqu'au littoral, mais sur une jetée nouvellement construite et pour former un nouveau bassin.
Le Cap laisse voir une blessure géante, une formidable entaille à son flanc, le gris blanchâtre de sa masse calcaire fait place à une couleur plus chaude et plus vive, d'énormes blocs s'amoncellent dans cette carrière. D'autres sont vivement conduits en wagonnets vers un bâtiment où un moteur les perfore avec bruit, puis à l'extrémité de la jetée qui prolonge le Cap vers l'Est. Ce sera le nouveau port, auquel est lié un grand espoir de développement commercial.
Il a fallu, me dit-on, six galeries souterraines et trente-cinq tonnes d'explosifs pour faire sauter cette masse de rochers. Et ensuite, une fois le port créé, il faudra une ligne de chemin de fer vers Sétif, pour servir de débouché aux céréales et aux vins. Encore des rochers à perforer, bien sûr... Tandis que la mer clapote doucement et prend au couchant les couleurs les plus tendres, le martellement impitoyable
 
       des perforateurs, le bruit sourd des moteurs et le grincement de la petite locomotive forment une autre symphonie : La nôtre !...».

Tout serait à citer. Mais il faut se borner. La lecture de tant d'excellents rapports pleins d'observations justes, quelquefois profondes, et joliment dites, nous porte à faire nôtre le voeu de Mr Desmarquet, professeur au Lycée du Puy : qu'il soit organisé tous les ans dans l'enseignement secondaire des « excursions coloniales comme celles qui existent pour l'enseignement supérieur ! »

 


 
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