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Nous avons lu
avec beaucoup d'intérêt ces travaux d'inspiration, de
longueur, de présentation très diverses.
Au moment d'en tirer la substantifique moelle » un
découragement nous saisit : il y a dans tous ces documents
empilés sur notre table de travail une telle richesse
d'observations, une si sincère originalité que le choix des
citations est difficile, presque 'impossible. Notre travail
de seconde main ne va-t-il pas « banaliser » tout, perdre le
fruit de tant d'efforts heureux?
Pour que notre compte-rendu soit lisible, il faut qu'il soit
établi selon un plan méthodique. Sera-t-il possible de le
faire sortir de tant de pages, dont les auteurs n'ont ni la
même formation intellectuelle, ni les mêmes préoccupations.
Le grand danger pour nous est de nous substituer aux auteurs
et par conséquent de les trahir.
Une lecture attentive des notes prises au cours de la
lecture de ces rapports vient heureusement dissiper ces
doutes. Il y a dans ces relations si diverses quelques
éléments d'unité.
D'abord le souci honorable de voir le plus possible et de
bien voir. Beaucoup de boursiers et boursières ont préparé
très soigneusement leur itinéraire par des lectures étendues
et par des études de cartes. Nous avons été très frappé par
l'ingéniosité qu'ont déployée des instituteurs et
institutrices pour allonger autant que possible leur voyage.
Nous aurons l'occasion de citer plus loin quelques exemples
typiques.
Tous les missionnaires ont compris du reste que la
libéralité du Comité ne devait être considérée que comme une
aide et qu'un effort financier personnel leur était
implicitement demandé. |
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Ils ont voulu
voir beaucoup, sinon tout — et surtout bien voir.
Mais tous ne sont pas partis avec le même dessein. Il se
dégage une impression fort curieuse des rapports envoyés et
assez nette, en somme, quand on prend soin de les classer
non par a ordre » (ce mot fort employé autrefois est
aujourd'hui honni), mais par a degré (l'enseignement. Les
maîtres du premier degré ont eu la vocation pédagogique la
plus marquée. Ils sont allés en Algérie, non pas tant pour
satisfaire une curiosité légitime, pour enrichir leur bagage
de souvenirs et de connaissances, mais surtout pour
augmenter leur valeur professionnelle; pour mieux enseigner
au retour l'Afrique du Nord et la colonisation française. Ce
sentiment élevé de leur devoir d'éducateur, ce dévouement à
leurs élèves nous a profondément ému et il nous a paru digne
d'être signalé en ces pages liminaires.
Nous verrons plus loin combien cette foi et cette
quasi-abnégation a élargi la vision des voyageurs. Il nous
faut noter ici tout de suite que, ce faisant, ils
répondaient pleinement à la pensée qui inspira le Comité du
Centenaire et le Ministère de l'Instruction publique
atteindre les élues par-delà les maîtres. Les membres de
l'enseignement secondaire — dont le dévouement à leurs
élèves n'est pas moindre — ont eu, pour la plupart, des
préoccupations qui les ont conduits à rechercher moins
directement ce but utilitaire. Humanistes, historiens,
professeurs de sciences, ils ont cherché d'abord à étendre
leur culture. On retrouve chez eux une préoccupation
scientifique qui les porte à restreindre le champ de leur
vision pour observer en détail. Les historiens ont été
intéressés surtout soit par l'Afrique romaine, soit par la
civilisation musulmane, |
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