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Pour permettre de vivre à la nouvelle unité administrative, on ne
l'a pas uniquement formée avec les régions d'extrême sud,
désertiques et d'aucun rapport. On a adopté une limite que
d'aucuns trouvèrent arbitraire au début, mais qui, de fait, s'est
révélée à l'usage singulièrement objective. C'est celle au sud
de laquelle la colonisation et la mise en valeur du sol par
l'européen sont impossibles. En fait sur les 550.040 habitants
environ qui peuplent les Territoires du Sud, il y a tout juste 4.500
européens, soit moins de 0,01 %. Et, dans ces limites, se trouvent
néanmoins un certain nombre d'annexes où la culture du palmier
(Biskra, Touggourt), l'élevage du mouton et l'exploitation de
l'alfa (Djelfa-Laghouat-Géryville-Méchéria) donnent au trésor
des ressources très appréciables par l'impôt.
Grâce aux produits de celui-ci, il sera possible au Gouverneur
général de subventionner très généreusement les annexes
purement sahariennes dans lesquelles palmiers et troupeaux donnent
à peine aux tribus qui les habitent le moyen de ne pas mourir de
faim.
Ainsi la Colonie du Sud pourra avoir son budget propre, lui
permettant de poursuivre des programmes d'assistance et
d'instruction des populations, le développement économique,
l'exploitation et l'extension de ses richesses.
Avec son seul budget civil. surtout alimenté par les impôts levés
dans les circonscriptions du Nord, la nouvelle colonie ne pourrait
bien entendu subvenir à des dépenses d'ordre impérial et surtout
à ses dépenses militaires. On décide qu'une subvention annuelle
lui sera globalement attribuée, au titre du Ministère de 1-a
Guerre, pour couvrir les dépenses de solde et d'entretien des
forces d'occupation et assurer le fonctionnement des divers services
du génie, de l'artillerie, etc... Dans ces conditions il deviendra
possible de suivre les dépenses militaires engagées puisqu'elles
figurent désormais dans un seul chapitre du budget.
A vrai dire cette création rencontra surtout en Algérie de
nombreuses oppositions. Les Délégations Financières ne voyaient
pas sans regret échapper à leur contrôle financier de vastes
contrées dont on pensait - à tort - que les ressources pour la
colonisation pourraient être considérables.
De leur côté les trois départements avaient pris l'habitude de
voir leur budget enflé de recettes appréciables provenant, |
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à leur profit, de certaines circonscriptions des HautsPlateaux et il leur
semblait dur d'y renoncer.
Les Délégations reçurent tout apaisement en ce qui concernait la
colonisation - les départements obtinrent d'importantes compensations pour
les recettes perdues et la loi du 24 décembre 1902 qui est la charte des
territoires du Sud, fut ainsi votée. On verra, par la suite même de cet
exposé, combien jusqu'à ce jour cette création s'est révélée efficace.
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