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L'initiative individuelle se substitua du moins, et de ia façon la
plus heureuse, aux efforts de l'administration pour reprendre les
idées de jonction et de collaboration entre Français des deux
rives du Sahara.
Nous voulons surtout parler des tentatives répétées, méthodiques
et finalement couronnées de succès, que quelques firmes
automobiles firent pour réaliser la traversée du désert.
Le film, l'image et le livre ont rendu célèbres, de la façon la
plus intelligente et la plus intéressante, les beaux raids que les
autochenilles de Citroën entreprirent à plusieurs reprises au
Sahara. La traversée d'Alger au Niger, par Ouargla, In-Salah, le
Hoggar, Tin-Zaouaten fut réalisée en 1921-1922 par Haardt et
Audouin-Dubreuil.
L'année suivante ce fut la croisière noire qui conduisit les
mêmes voitures, dirigées par les mêmes personnalités, de
Colomb-Béchar sur Reggan, Gao et de là jusqu'au Tchad et à
Madagascar.
Dans le même temps, les automobiles six roues Renault, conduites
par M. Gradis et les frères Estienne, réussissaient à leur tour
la traversée du Tanezrouft et poussaient jusqu'à Kotonou du
Dahomey, emmenant dans la traversée le maréchal Franchet d'Esperey.
Aussitôt, on voulut, des deux côtés, tirer des conséquences
pratiques de ces deux tentatives... Citroën improvisait en quelques
mois, grâce à un état-major africain d'une compétence rare,
l'équipement d'une ligne automobile OranNiger, pourvue de luxueux
hôtels, de campings, armée en voitures puissantes et rapides... A
la veille même du voyage d'inauguration qui devait avoir lieu le
1er janvier 1925, le grand industriel dut renoncer à toute son
organisation à la suite de quelques incidents survenus en
frontière du Tafilalet.
De leur côté, la Compagnie Transatlantique de M. Dal Piaz, la
Compagnie Générale Transsaharienne montée par MM. Gradis et
Georges Estienne organisaient dans le désert leurs premiers
services réguliers.
Au début de 1925, il n'en demeurait pas moins que par suite
d'événements calamiteux, la situation économique des Territoires
du Sud paraissait atteinte. Son équipement en établissements
d'assistance publique, en écoles, en ouvroirs était arrêté. La
mise en valeur du cheptel, des palmeraies était stagnante. Les
travaux d'aménagement entrevus jadis étaient à peine ébauchés. |
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Mais l'année s'annonçait meilleure, car des pluies abondantes avaient
revivifié les pâturages, permis aux troupeaux de se renouveler. Les
populations se reprenaient à espérer. Le moment était venu de reprendre
toute l'œuvre par la base, et, après avoir réparé les lézardes, de
préparer un avenir meilleur.
Les Territoires du Sud entraient dans une nouvelle période d'organisation qui
allait être particulièrement fructueuse.
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