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   Gouverneur général de faire régner ordre et sécurité. Grâce à l'augmentation d'effectif des Compagnies sahariennes, à leur équipement moderne en moyens de liaison, de transmission, et de transport, elles pourront reporter plus loin le rayon de leur action.

Deux nouveaux bordjs, construits à Bou-Bernous dans l'ouest de la Saoura et à Tin-Zaouaten sur la frontière même du Soudan, ont pris le nom des deux derniers gou­verneurs généraux: bordj Viollette - Fort Pierre Bordes et les sahariens tiendront à honneur de ne pas laisser des pillards entrer dans la zone qu'ils définissent.

Les rencontres fréquentes avec les méharistes soudanais, les échanges de renseignements et de services, se traduiront certainement par une diminution notable des rapts et des pillards.

Du point de vue local, l'administration profitant d'une époque de prospérité que la sécheresse de 1925-1926 ne réussit pas à compromettre, s'attacha à réaliser des progrès dans tous les domaines, politique, militaire, social et elle eut la satisfaction de voir ses efforts couronnés de succès.

Dans un ouvrage de la plus haute importance qui va paraître en 1930, sous le patronage du commissariat général du Centenaire, la situation actuelle des Territoires du Sud sera rapportée avec précision. Chiffres à l'appui on montrera les effets heureux, obtenus par trente ans de pratique, de l'organisation des Territoires du Sud dans des régions qui naguère paraissaient vouées à la misère et â la disparition prochaine.

Nous ne pouvons qu'exposer ici très brièvement la somme de résultats obtenus, mais le seul résumé impres­sionnera, croyons-nous, favorablement.

La population actuelle des territoires du Sud comprend environ 550.000 habitants, répartis sur 2 millions de kilomètres carrés. Sur cette population on ne compte au total que 4.500 Français, soit 1/120 environ. Elle est divisée en groupements très inégaux. Dans le Nord, sur les Hauts-Plateaux, tribus nomades assez denses se livrant surtout à l'élevage des moutons et à la cueillette de l'alfa. Plus au Sud agglomérations urbaines importantes des régions d'oasis, réunissant autour des 7.500.000 palmiers qui font leur richesse, environ 175.000 à 200.000 habitants. Le reste grands nomades (quelques dizaines de milliers) se déplaçant constamment dans le désert à la recherche de pâturages problématiques.
      

C'est sur cette population et ses richesses que s'est d'abord concentré tout l'effort - il fallait la régénérer par le travail, par le mieux-être, par l'hygiène sociale... Il est peu de colonies dans lesquelles l'action administrative ait obtenu des résultats pareils du point de vue de l'hygiène et de l'assistance médicale.

Un admirable corps de médecins militaires se dévoue à cette couvre immense. Le médecin militaire, dans le Sud, a une existence dédoublée. Auprès de l'hôpital militaire où sont soignés les soldats et parfois les civils, il doit également diriger les infirmeries indigènes où sont reçus et soignés, hommes, femmes et enfants de la population autochtone. Celle-ci est suivie dans toutes les phases de son existence. Depuis 1926, depuis les réformes du gouver­neur général Maurice Viollette, fonctionne avec un succès inespéré un service très surveillé d'assistance aux mores et aux nourrissons. A l'école, on suit ces enfants devenus grands. Médecins et instituteurs se liguent pour faire la chasse aux maladies contagieuses et surtout au terrible trachome auquel il y a quelques années encore le Sud devait tous ses aveugles misérables. A côté des salles de consultations, partout réparties dans les villages, de très importantes infirmeries indigènes ont été construites dans lesquelles sont soignés des adultes, hommes et femmes de la région. A ces consultations, les malades se pressent par centaines sinon par milliers, témoignant ainsi de leur confiance dans nos médecins. Enfin ceux-ci, aidés dans leur tâche par des missions de l'Institut Pasteur, souvent con­duites par le modeste et savant docteur Foley, poursuivent la maladie dans ses origines mêmes, par des études microbiologiques approfondies.

Aux enfants des centres, on s'efforce de donner des notions suffisantes d'instruction primaire et souvent on leur dispense une instruction professionnelle réduite. Sous ce rapport, l'effort se poursuit sans autre limitation que celle des crédits.

L'instruction publique est une des principales rubriques du budget des Territoires du Sud et de celui des com­munes. Le nombre des classes augmente sans arrêt, mais avec une progression qui nous paraît encore trop lente.

Par ailleurs, pour les populations groupées ou nomades, nous nous efforçons d'améliorer les moyens d'existence. Les troupeaux de moutons, pour les transhumants du Nord, sont, grâce à leur viande, à leurs peaux, à leur laine, la

 
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