|
Sous réserve des résultats qu'accusera le second semestre 1929,
les chiffres pour l'année seraient :
En 1927 d'environ 7 milliards.
En 1929 de 9 milliards et demi (1).
C'est évidemment une progression intéressante.
Les importations l'emportent régulièrement sur les exportations.
Voici les chiffres pour les premiers semestres des trois dernières
années.
« 1927. - Importations : 1 milliard 941 millions. Exportations: 1
milliard 579 millions. Différence : 362 millions. »
« 1928. - Importations : 2 milliards 526 millions. Exportations : 1
milliard 920 millions Différence : 605 millions. »
« 1929. - Importations : 2 milliards 821 millions. Exportations : 1
milliard 996 millions. Différence : 825 millions. »
« Soit, au total, dans les trois premiers semestres envisagés, un
gain de 1 milliard 793 millions au profit des importations. » Il
est bien entendu que l'Algérie, en transformation rapide, continue
à s'outiller. »
Par conséquent « cette balance commerciale n'est qu'en apparence
défavorable à l'Algérie. On observe, en effet, que dans la masse
de nos achats, des centaines de millions sont consacrés à
l'extension, à l'amélioration et au perfectionnement de notre
matériel, dépense que nous amortissons assez promptement. C'est
donc un enrichissement et non une faiblesse comme on serait tenté
de le croire en présence des chiffres ci-dessus. »
Voici en effet, parmi les importations du premier semestre 1929,
l'alinéa le plus lourd :
« Machines agricoles ou d'industries 120 millions; outils,
ouvrages, pièces détachées, fils et câbles d'électricité 170
millions; voitures automobiles, 171 millions. »
Lourd aussi est l'alinéa des tissus. Il faut habiller 6 millions
d'êtres humains.
« Tissus, 330 millions; draps, vêtements, lingerie, bonneterie,
couvertures, 54 millions ».
Le reste des importations se rapporte surtout au chapitre
alimentaire, charcuteries, beurres, fromages, huîtres, etc... et au
chapitre des denrées coloniales, sucre, café, chocolat.
Ces importations témoignent que l'Algérien mène une vie assez
large, il est probablement moins parcimonieux que le Français
métropolitain.
(1) En réalité, aux dernières nouvelles, ils restent au-dessous
de 8 milliards. |
|
|
|
Les exportations sont exactement ce qu'on pouvait attendre d'après les
détails qui ont été donnés sur la transformation économique du pays.
Chiffres du 1 er semestre 1929.
« Brebis, béliers, moutons et agneaux, 55 millions; céréales, 112
millions; tabacs, 70 millions; huiles d'olives, 163 millions; liège, 38
millions; crin végétal, 32 millions; alfa, 45 millions; pommes de terre, 42
millions; fruits frais ou secs, 42 millions; légumes de primeurs, 22
millions. »
« Alcools de vin, eaux-de-vie et spiritueux, 77 millions; vins ordinaires,
788 millions; vins de liqueurs en fûts ou en bouteilles, 5 millions »
« Le rendement de l'industrie minière se traduit par 147 millions, dont 32
millions pour les phosphates et 67 millions pour le fer. »
Ces quelques chiffres tendent à évoquer d'un coup d'œil l'ensemble et les
proportions du trafic, de la vie économique. Et ils rendent sensible la
progression depuis la guerre.
Mais c'est la progression d'ensemble, depuis 1830, qu'il faut rendre sensible
à l'imagination.
Il suffit de considérer le point de départ et le point d'arrivée.
Voici le point de départ.
D'après les estimations de la Chambre de commerce de Marseille, en 1832,
l'Alger turc importait pour 6.500.000 fr. de marchandises européennes. Il les
payait apparemment avec les bénéfices de la piraterie, puisqu'on estimait
les exportations à 14 ou 15.000 francs.
Dans l'Algérie française, en 1924, le total des exportations et importations
était de 5 milliards 394 millions; ce total en 1929 atteindra probablement 8
milliards, en francs papier il est vrai.
Il faut songer que ces huit milliards de richesse sont une création pure. Ils
sont sortis intégralement du coup d'éventail du dey.
|
|