CHAPITRE IV
LES INDIGÈNES
Mustapha ben Ismaël, Yusuf, Abd el Kader
Les Indigènes, pour désigner par ce nom tous les descendants d'Arabes, de
Kabyles et même de renégats chrétiens, plus ou moins mélangés entre eux,
ont rendu de grands services à la France, de même que les Turcs, leurs
anciens maîtres et les Koulouglis, fils de Turcs et de femmes indigènes.
Certains d'entre eux, comme Mustapha ben Ismaël et Yusuf, sont devenus
généraux dans l'armée française, tandis que d'autres ont garni les cadres
inférieurs des régiments indigènes. Enfin, parmi ceux qui ont été
longtemps adversaires déclarés de la France, le plus célèbre, Hadj Abd el
Kader, est devenu son admirateur et son serviteur, après une défaite pleine
de grandeur.
Le général Mustapha ben Ismaël
Mustapha ben Ismaël était l'un de ces grands chefs indigènes qui, du temps
de là puissance turque, commandaient les tribus Maghzen, c'est-à-dire les
tribus au service du gouvernement. Les Turcs, qui ne pouvaient, en raison de
leur petit nombre, dominer toute la Régence par eux-mêmes, accordaient à
ces tribus des avantages spéciaux, en échange de leur participation à la
levée des impôts, aux expéditions et à la police générale.
Déjà âgé d'une soixantaine d'années en 1830, Mustapha ben Ismaël était
l'agha des Douairs et des Smela, qui constituaient le Maghzen d'Oran. Toute sa
vie s'était passée en chevauchées et en luttes, dans lesquelles son
courage, sa
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