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   également par un étal en dalle, à 0 m. 95 ou 1 mètre du sol, et d'une épaisseur de 0 m. 20.

C'est aussi grâce à la munificence d'un personnage local, Cosinius, riche en titres et en mérites, dont Cuicul devint la patrie d'adoption, que Djemila posséda son beau marché à cour rectangulaire avec portiques, boutiques latérales, ponderarium (salle de poids publics) au milieu de la face Est. Nulle part, sauf à Djemila, il n'a été trouvé de ponderarium.

A Djemila, à Timgad, sous les chapiteaux où s'infléchit l'acanthe, nous avons peine à nous représenter ces marchés où grouilla, durant plusieurs siècles, la foule des Berbères bégayeurs de latin. Et cependant, ils vivent encore : leur physionomie s'apparente à celle de l'Espagnol, du Français méridional, du Sicilien, du Sarde et du Corse. Beaucoup avaient, beaucoup ont encore les larges épaules, le thorax aminci des anciens Égyptiens et des Basques. Nous voici à Djemila (Cuicul), sous la dynastie des Sévères. Ici, le marchand de légumes, avec ses figues kabyles, ses olives, ses laitues; là une crieuse de simples, odorante de fenouil; plus loin, les vendeurs de parfums syriens, de vermillon d'Afrique, d'onguents qui adoucissent la peau, de boules de teinture pour noircir les cheveux. Les changeurs de monnaies, à figure orientale, voisinent avec le barbier et le médecin en plein vent, avec le philosophe, ou prétendu tel, qui, en manteau court et pour recruter des disciples, argumente la main droite levée. Le marché aux vêtements flambe des soies venues d'Asie, des étoffes de luxe, des tapis où déjà se précise et s'aiguise le style géométrique berbère. Sorciers, thaumaturges, baladins, collecteurs de taxes, paysans à bouche serrée, licteurs vénaux heurtent de leurs gestes les devantures des bouchers, les quartiers de chèvre et de mouton dont le sang s'égoutte sur les dalles Tel fut le marché africain, vers le IIIe siècle.

 

Hydraulique citadine. - L'administration municipale urbaine du Romain, en Afrique surtout, a résolu de graves problèmes d'hydraulique. Les thermes dont nulle ville n'était dépourvue, exigeaient d'abondantes réserves de liquide. L'édilité africaine eut, avant tout, une hydraulique ingénieuse. Le château d'eau commandait la politique municipale.

      

L'eau qui alimentait Cherchell venait d'une source située à 28 kilomètres. Le canal d'amenée était large d'un mètre, plus haut qu'un homme, entouré d'une enveloppe de maçonnerie épaisse de 0 m. 60. A 12 kilomètres de la ville, il fallut construire, pour enjamber une vallée, un aqueduc à trois étages d'arceaux et d'une hauteur totale de 35 mètres. Plus près de Cherchell, à 5 kilomètres, un second aqueduc, moins bien conservé que le premier, dresse encore ses vieilles béquilles de pierre.

L'eau arrivait à Bougie (Saldae) d'une vingtaine de kilomètres. On voit, çà et là, des vestiges de l'aqueduc, notamment à El-Hanaïat. Les Ras-el-Ain Bou-Merzoug, sources sises à 35 kilomètres et dont le débit est encore de 900 litres à la seconde, approvisionnaient Cirta (Constantine).

A proximité des villes, l'eau des aqueducs était concentrée dans des citernes spacieuses. De là partait un réseau clé canalisations qui distribuaient le liquide aux nymphées, aux fontaines, aux thermes, aux maisons particulières. A la nymphée de Tipaza, arrondie en hémicycle, l'abreuvoir garde des margelles qu'a usées le mufle des bêtes.

Arcs de triomphe et portes. - L'Arc de triomphe fut, à l'origine, un témoignage d'admiration à un chef militaire ou civil. Il eut pour mission de fixer un souvenir de gloire. Il était alors un hymne de pierre, le chœur des citadins reconnaissants. Peu à peu il perdit sa signification. Il marqua la fondation d'une colonie ou l'exécution de travaux d'édilité. Il devint une simple porte de ville. MM. Cagnat et Chapot proposent, dès lors, de " substituer au terme Arc " de triomphe celui de arc monumental ".
La forme classique est celle d'un portique qui peut avoir jusqu'à quatre baies.
Parmi les arcs à une seule baie, celui de Djemila est déjà d'une rare note esthétique. Haut de 12 m. 50, large de 10 m. 60, il arrondit un plein cintre de 4 m. 35 sous lequel s'engage une voie dallée. De chaque côté et sur les deux faces de l'ouverture, deux colonnes corinthiennes. Quatre niches semi-circulaires dans les pieds-droits; elles devaient abriter des statues. On lit sur l'attique une inscription datée de 216 après J.-C. rappelant que le monument fut élevé par les habitants de Cuicul (Djemila) à l'empereur Aurélius Severus Antoninus (Caracalla), à sa mère Julia Domna et à son père Septime-Sévère.

Détail amusant : en octobre 1839, lors de l'expédition

 
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