CAHIERS DU CENTENAIRE DE L'ALGÉRIE | LIVRET 6 | Art Antique et Art Musulman en Algérie | ||||
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également par un étal en dalle, à 0 m. 95 ou 1 mètre du sol, et
d'une épaisseur de 0 m. 20. C'est aussi grâce à la munificence d'un personnage local, Cosinius, riche en titres et en mérites, dont Cuicul devint la patrie d'adoption, que Djemila posséda son beau marché à cour rectangulaire avec portiques, boutiques latérales, ponderarium (salle de poids publics) au milieu de la face Est. Nulle part, sauf à Djemila, il n'a été trouvé de ponderarium. A Djemila, à Timgad, sous les chapiteaux où s'infléchit l'acanthe, nous avons peine à nous représenter ces marchés où grouilla, durant plusieurs siècles, la foule des Berbères bégayeurs de latin. Et cependant, ils vivent encore : leur physionomie s'apparente à celle de l'Espagnol, du Français méridional, du Sicilien, du Sarde et du Corse. Beaucoup avaient, beaucoup ont encore les larges épaules, le thorax aminci des anciens Égyptiens et des Basques. Nous voici à Djemila (Cuicul), sous la dynastie des Sévères. Ici, le marchand de légumes, avec ses figues kabyles, ses olives, ses laitues; là une crieuse de simples, odorante de fenouil; plus loin, les vendeurs de parfums syriens, de vermillon d'Afrique, d'onguents qui adoucissent la peau, de boules de teinture pour noircir les cheveux. Les changeurs de monnaies, à figure orientale, voisinent avec le barbier et le médecin en plein vent, avec le philosophe, ou prétendu tel, qui, en manteau court et pour recruter des disciples, argumente la main droite levée. Le marché aux vêtements flambe des soies venues d'Asie, des étoffes de luxe, des tapis où déjà se précise et s'aiguise le style géométrique berbère. Sorciers, thaumaturges, baladins, collecteurs de taxes, paysans à bouche serrée, licteurs vénaux heurtent de leurs gestes les devantures des bouchers, les quartiers de chèvre et de mouton dont le sang s'égoutte sur les dalles Tel fut le marché africain, vers le IIIe siècle.
Hydraulique citadine. - L'administration municipale urbaine du Romain, en Afrique surtout, a résolu de graves problèmes d'hydraulique. Les thermes dont nulle ville n'était dépourvue, exigeaient d'abondantes réserves de liquide. L'édilité africaine eut, avant tout, une hydraulique ingénieuse. Le château d'eau commandait la politique municipale. |
L'eau qui alimentait Cherchell venait d'une source située à 28 kilomètres.
Le canal d'amenée était large d'un mètre, plus haut qu'un homme, entouré
d'une enveloppe de maçonnerie épaisse de 0 m. 60. A 12 kilomètres de la
ville, il fallut construire, pour enjamber une vallée, un aqueduc à trois
étages d'arceaux et d'une hauteur totale de 35 mètres. Plus près de
Cherchell, à 5 kilomètres, un second aqueduc, moins bien conservé que le
premier, dresse encore ses vieilles béquilles de pierre. |
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