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SEDRATA


S'il ne reste rien de la Tiaret rostémide, l'art Kharedjite berbère, dont une bouture fut transplantée à Sédrata, a poussé sur ce point quelques rameaux.
Parmi les ruines, en partie déblayées, signalons la partie

Fig. 27. - Parenté du décor chrétien et du décor de Sédrata (Marçais) supérieure d'une mosquée et des maisons d'une belle décoration.

La mosquée avait cinq nefs. L'un des palais ne comprenait pas moins de trente-quatre pièces. Voici qu'apparaissent l'arc outrepassé, « en fer à cheval » et l'arc lobé, que le clavier architectonique musulman conservera, surtout au Maghreb, comme notes favorites. 
L'ornementation est florale et géométrique. L'herbier floral est limité à deux types une marguerite stylisée en rosace, la feuille de vigne très aiguisée, insérée sur une tige. 
N'oublions pas que la feuille de vigne fut d'un usage fréquent dans la symbolique chrétienne. M. Marçais souligne en outre la ressemblance du décor végétal de Sedrata et du décor copte. Il suppose des rapports fréquents entre la vallée du Nil et le Sahara Algérien.

La géométrie ornementale de Sédrata oscille entre le carré et le cercle; la rosace, souvent crucifère, s'inscrit soit dans une, 
Fig. 28. - Sédrata (Marçais)
soit dans quatre circonférences dont les centres dessinent une croix.
L'art berbère de Sédrata s'est ouvert à trois systèmes d'influences :
      

a) Des survivances chrétiennes ou byzantines, perpétuées par une main-d'œuvre traditionaliste, recrutée sur place et qui faisait revivre la technique de ses anciens maîtres, en imitant ou en utilisant les thèmes décoratifs de l'époque antérieure;

b) Des imitations coptes, peut-être réduites à de simples concordances, explicables si l'on compare la géométrie

 
Fig. 29. - Sédrata (Marçais)
berbère, si prodigue de chevrons et de croix, avec certains groupements linéaires des tapisseries égyptiennes; il ne s'agirait plus alors d'influences, mais d'un parallélisme artistique, d'affinités, d'un synchronisme ornemental;

c) Des apports orientaux, comme l'arc outrepassé et l'arc lobé, qui joueront un rôle considérable dans l'architecture musulmane.

Achir et La Qala des Beni-Hammad 

Bougie

Achir n'a guère laissé de restes bien caractéristiques : on a reconnu une mosquée à 7 nefs séparées par des colonnes octogonales. Ces Beni-Ziri furent, au début, des chefs de bandes, de grands Caïds berbères, dirions-nous, plus aptes à manier le sabre qu'à incurver une arabesque. Se rendre indépendant des Fatimides et contenir les Zénatas, importait plus que de dérouler sur la mosquée la flore vivace des rinceaux.

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