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Fig. 9.
 

LIVRE II

 

LES KHALIFES DE DAMAS ET DE BAGHDAD


 
 

CHAPITRE PREMIER

 

DÉVELOPPEMENT DE L'ARCHITECTURE


I. - LE RÔLE DE L' ÉGYPTE SOUS LES KHALIFES DE DAMAS.

 

A la mort de Ali, assassiné l'an 41 de l'hégire (661), de graves événements se précipitèrent en Orient, dont les conséquences furent de donner à l'Égypte une prépondérance absolue sur l'art arabe. L'un des meurtriers du khalife, Moaouyah, petit-fils d'Ommîah, gouverneur de Syrie, s'empara du pouvoir. Attaqué par les descendants du Prophète, Hossein, fils de Alî; Abd-er-Rhaman, fils d'Abou-Bekr, et Abd-Allah, fils de Zobeyr, la moitié de l'empire se détacha de sa cause et des guerres sans fin s'ensuivirent, coupées par le massacre de Hossein et le triomphe momentané d'Abd-Allah. Mais, à peine arrivé au trône, ce dernier se voyait contraint de reprendre la lutte. 

    

 

    La Syrie, inféodée à Moaouyah, reconnaissait pour khalife Mérouan-ibn-el-Hakim, de la branche collatérale des Ommîades, et de nouveau l'Islam se partageait en deux fractions égales. La Mekke restait aux mains des partisans de la dynastie légitime, et Mérouan, reconnu par l'Égypte, y plaçait l'un de ses fils, Abd-el-Aziz, comme gouverneur et faisait de Damas la capitale du khalifat.

Cette dernière guerre assurait la suprématie de l'Égypte. Maîtres de la Mekke, les partisans des descendants du Prophète avaient au service de leur cause le prestige que leur donnait la possession de la kaâbah. C'était beaucoup aux yeux des fidèles. Abd-el-Melek, fils de Mérouan, se souvenant juste à point que Mahomet avait choisi Jérusalem pour ville sainte, avant de donner ce rang à la Mekke, songea à affaiblir le prestige religieux de ses ennemis en la rétablissant dans ses prérogatives. " Il déclara hérétique le pèlerinage de la Mekke, dit Makrîsi, et ordonna que dorénavant les cérémonies qui s'exécutaient à la kaâbah auraient lieu à Jérusalem, à la mosquée d'El-Aksah, qu'il fit reconstruire magnifiquement. Dès lors, l'Égypte cessa d'envoyer à la Mekke les riches tapis que, suivant les ordres d'Abd-Allah-ibn-Zobeyr, elle fabriquait pour en voiler la kaâbah. "

Cet attachement de l'Égypte à la cause du khalife ommiade permet de supposer que ce fut elle qui lui fournit la plupart des maçons de sa ville sainte. D'ailleurs, Abd-el-Aziz, fils du khalife, continuait à gouverner l'Égypte et savait, pour les avoir employés à la construction de ses monuments, l'aptitude des Coptes à tous les travaux manuels. Dans la mosquée d'Amrou, il avait fait placer une chaire sculptée arrachée à une église, oeuvre d'un artiste chrétien, un Copte de Dendérah nommé Boktor. A Fostat, il s'était bâti un palais, le dar el modahebah - la maison dorée - dont les ouvriers avaient été Coptes aussi. 

 
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