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Au résumé, la charpente de l'ornementation polygonale repose sur quatre éléments : le réseau, dont les sommets se confondent avec le centre des polygones ; le groupement des polygones élémentaires, les circonférences tangentes et les différentes figures dérivées, ou les polygones étoilés qui déterminent les mailles de la rosace inscrite dans le polygone primitif.

 
 

V. - LE TRÉSOR DU KHALIFE MOSTANSER-B-ILLAH.

 
 
Par la description du palais fatimite, on a pu voir à quel degré le luxe influençait l'aspect de cette architecture et de cette sculpture, pourtant capables de se suffire par elles seules. Jamais, peut-être, l'effet produit par la réunion de tous les arts somptuaires ne fut plus grand que sous les successeurs d'El-Moëzz. C'est l'or que partout l'on applique; en 438 (1047), El-Mostanser fait dorer les murs de la mosquée d'Amrou et enrichit son sanctuaire d'un mimber de bois précieux soutenu par des colonnettes de santal. C'est qu'aussi sous Mostanser l'autorité fatimite avait pénétré fort avant en Asie. Baghdad et Koufah avaient arboré le drapeau blanc du Moghreb, et le khalife abbasside s'était vu obligé de signer un acte par lequel il se reconnaissait, lui et sa dynastie, pour des usurpateurs, et consacrait les droits des Fatimites au khalifat oriental. La domination de Mostanser s'était alors étendue jusqu'au Khorassan et dans le nord de la Perse. Au lendemain de ces succès, des intrigues de cour mettaient le souverain et l'empire à deux doigts de leur perte; un vizir ambitieux s'arrogeait tous pouvoirs, et Mostanser, impuissant à réprimer l'insubordination de sa garde turcomane, essayait, après une défaite qu'elle venait d'infliger aux troupes nègres qu'il avait voulu lui opposer, d'acheter sa soumission. Mais bientôt les prétentions des Turcomans devenaient telles que, les caisses de l'État épuisées, le khalife était forcé d'abandonner son trésor aux mutins et de laisser mettre en vente les objets précieux qui depuis sa fondation s'étaient accumulés dans le palais.
    

 

   

 Il faut avoir lu dans Makrîsi l'inventaire de ce trésor pour imaginer ce que pouvait être la pompe de la cour des Fatimites. Présenté comme paperasses administratives, le tableau qu'il en retrace semblerait un conte auquel l'auteur n'aurait donné cette forme que pour mieux l'accréditer, n'était l'apitoiement que lui cause ce vandalisme et la peinture qu'il fait du pillage réglementé des dépouilles que se partagent les chefs, ou qu'ils se font adjuger à vil prix. Le morceau est écrit de main de maître; mais sa longueur m'oblige à ne rapporter que les passages de l'inventaire relatifs à des oeuvres d'art.

" Les pierreries étaient en nombre considérable; on remarquait surtout les suivantes :
" Un coffre renfermant sept mudds d'émeraudes; chacune de ces mesures valait environ 300,000 dynars (10,500,000 francs).
" Un collier de pierreries qui valait 80,000 dynars (1,200,000 francs).
Sept waïbah de magnifiques perles envoyées par l'émir de la Mekke.
" Douze cents bagues d'or ornées de pierreries; elles avaient coûté 60,000 dynars (900,000 francs).
" Un grand nombre de plats d'or émaillés des couleurs les plus variées.
" Neuf mille boîtes de différentes formes, faites de bois précieux, doublées de soie et enrichies d'or.
" Cent coupes et autres figures de bézoard, sur la plupart desquelles était gravé le nom du khalife Haroun-er-Réchîd.
" Une autre coupe qui avait trois palmes et demie de largeur et une palme de profondeur.
" Des coffres renfermant des encriers de différentes formes, d'or, d'argent, de santal, d'aloès, d'ébène du pays des Zindjes, d'ivoire et de bois de toute espèce, enrichis de pierreries, d'or, d'argent, ou remarquables par la perfection du travail.
" Un cachet d'ambre jaune, oeuvre de Fakr-ed-Doulah, sur lequel étaient gravés des vers arabes.

 
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