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Encore aujourd'hui, quoique fort déchue, elle est de tous les monuments arabes celui qui laisse la plus forte empreinte sur l'esprit et qui s'impose à l'histoire de l'art comme le modèle parfait en qui vécut le sentiment d'une race.

 
Fig. 34. - Mosquée du sultan HASSAN.

Elle s'est imposée d'ailleurs à la pensée de ses contemporains, de même qu'elle s'impose à la nôtre. Les artistes de l'école arabe du XIVe siècle l'ont tous imitée, ceux du XVe l'ont prise pour thème, sans toutefois se ravaler à la copier servilement, ainsi qu'avaient fait les architectes de Touloûn et d'El-Moëzz, qui, tous, ne nous ont laissé que des copies de copies de la mosquée d'Amrou. Un tassement moral s'est fait, qui permet aux artistes de ne suivre que leur propre impulsion et de n'écouter que leurs tendances; et si un air de proche parenté unit leurs oeuvres, c'est qu'une communauté de pensées à travers elle se fait jour.

Tout leur effort se reporte alors vers l'emploi des voûtes, et c'est dans leurs combinaisons et dans l'encorbellement en stalactites qu'ils cherchent des effets nouveaux. Désormais, le type de la mosquée primitive devient l'exception, et les forêts de colonnes qui, aux anciens sanctuaires, prêtaient des aspects de salles hypostyles, font place aux vastes nefs ; mais, si fort que soit ce courant, la coupole ne se pose toujours que sur la salle de la tombe et cette répulsion de l'Arabe pour une forme grecque par excellence reste comme le trait dominant du style des monuments baharites et de tout l'art des khalifes.

J'ai laissé en dehors de cet aperçu les caractères étrangers qui, pour des causes diverses, vinrent se greffer sur l'art arabe. 

    

 

   
Il en est une pourtant qu'il importe de signaler: l'intrusion de divers types tartares dans l'architecture des monuments de Kalaoûn et de Beïbars-el-Djachenguir.
 
Fig. 35. - Mosquée du sultan HASSAN.
 

Makrîsi mentionne " qu'à l'époque de Djen-Giz-Khan, beaucoup d'Orientaux vinrent en Égypte (665 - 1257), et qu'après cela, sous Kalaoûn, les faubourgs du Caire furent considérablement agrandis (711 - 1311) ". D'autre part, nous savons qu'en 720 (1320) Kalaoûn épousa la fille du sultan Ezbek-Khan, et que nombreux furent les Tartares admis alors à sa cour.

Or la mosquée de Kalaoûn se rattache par plusieurs détails à l'art de la Tartarie. Ses minarets, couverts de tuiles verminées (fig. 36), sont identiques à ceux de l'Inde du Nord. L'exemple en est aujourd'hui unique au Caire; 

 
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