L'arabesque de plâtre est toujours
plus légère que celle de pierre; elle a plus de souplesse et de finesse; ses feuillages sont
refouillés jusque dans leurs moindres replis, et dignes de ce nom
de guipure qu'à satiété on leur a donné.
Souvent ils sont si ténus, si entremêlés qu'on ne peut les
suivre qu'à grand'peine. Pour les dessiner, le sculpteur s'est
servi de poncifs; mais, le profil arrêté, il attaquait
directement le fond qui, toujours net, a conservé la trace des
outils ayant servi à l'évider.
J'ai cité plus haut la frise de plâtre du sanctuaire de la
mosquée du sultan Hassan pour son ampleur, son élégance et sa
richesse. Les lettres de son inscription ont un galbe harmonieux et
hardi ; elles s'enlèvent franchement sur un champ où s'estompe
une arabesque florescente. D'autres oeuvres de la même époque
prouvent surabondamment combien ce genre de sculpture était propre
à l'Arabe. Au lieu du brutal moulage des ornements massifs de
l'Alhambra, on rencontre dans chacun des monuments du Caire des
bas-reliefs traités avec un talent incomparable. A la mosquée de
Beibarsel-Bondoukdary, tout le mosâllah - oratoire - est
orné d'une frise de près de 60 mètres de développement : l'on
dirait un calque, tant elle est régulière et symétrique;
pourtant, à la regarder attentivement, on s'aperçoit, à de
légères différences, que le sculpteur n'a pas suivi partout le
poncif. A cela près, elle est digne d'un maître.
Au mâristan de
Kalaoûn, nombre de rinceaux paraissent avoir une origine copte ;
des pampres et des lianes folles serpentent et se tordent en
d'infinis enroulements. Je reviendrai tout à l'heure à ces
sculptures. A la mosquée de Beïbars-el-Djachenguir, l'arabesque
est plus ample et le détail à peine indiqué, quoique d'un style
fort recherché.
|