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Fig. 70. - Mosquée El-Merdany.
 
 
 
CHAPITRE II
 
LE DÉCOR DE LA MOSQUÉE BAHARITE
 

 
 

I. - LA SCULPTURE ET LES BOISERIES.

 

A cet essor architectural, correspond un essor non moins grand du style ornemental. L'art y tient plus de place qu'à l'époque de Touloûn ; il y a bien encore des revêtements précieux; l'éclat de l'or semble à certains de beaucoup supérieur à celui des marbres ; mais néanmoins, une large part est faite à la sculpture, à la peinture, aux mosaïques, aux bronzes et aux lambris.

De même qu'en architecture, une prédilection marquée pour les lignes courbes et élancées se révèle dans la sculpture de la mosquée. Les arabesques sont bien composées, les masses largement espacées et disposées avec une connaissance parfaite de l'ensemble des effets. Les ornements éloignés sont toujours plus grands que ceux placés à portée de la vue. Esquissés sobrement, ils n'indiquent que les grandes lignes, tandis que tout ce qui peut être examiné de près a la grâce menue des raffinements.

    

 

    L'arabesque de plâtre est toujours plus légère que celle de pierre; elle a plus de souplesse et de finesse; ses feuillages sont refouillés jusque dans leurs moindres replis, et dignes de ce nom de guipure qu'à satiété on leur a donné. 

Souvent ils sont si ténus, si entremêlés qu'on ne peut les suivre qu'à grand'peine. Pour les dessiner, le sculpteur s'est servi de poncifs; mais, le profil arrêté, il attaquait directement le fond qui, toujours net, a conservé la trace des outils ayant servi à l'évider.

J'ai cité plus haut la frise de plâtre du sanctuaire de la mosquée du sultan Hassan pour son ampleur, son élégance et sa richesse. Les lettres de son inscription ont un galbe harmonieux et hardi ; elles s'enlèvent franchement sur un champ où s'estompe une arabesque florescente. D'autres oeuvres de la même époque prouvent surabondamment combien ce genre de sculpture était propre à l'Arabe. Au lieu du brutal moulage des ornements massifs de l'Alhambra, on rencontre dans chacun des monuments du Caire des bas-reliefs traités avec un talent incomparable. A la mosquée de Beibarsel-Bondoukdary, tout le mosâllah - oratoire - est orné d'une frise de près de 60 mètres de développement : l'on dirait un calque, tant elle est régulière et symétrique; pourtant, à la regarder attentivement, on s'aperçoit, à de légères différences, que le sculpteur n'a pas suivi partout le poncif. A cela près, elle est digne d'un maître. 

Au mâristan de Kalaoûn, nombre de rinceaux paraissent avoir une origine copte ; des pampres et des lianes folles serpentent et se tordent en d'infinis enroulements. Je reviendrai tout à l'heure à ces sculptures. A la mosquée de Beïbars-el-Djachenguir, l'arabesque est plus ample et le détail à peine indiqué, quoique d'un style fort recherché.

 
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