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   Je ne puis donner ici une description complète de cette mosquée; c'est une monographie qu'il lui faudrait consacrer. Tout ce qui peut être groupé autour d'un temple s'y groupe : une faculté de théologie, avec ses salles pour les leçons et les logements pour les étudiants et les professeurs, pour les fakirs et les derviches; un banc de justice, une fontaine et jusqu'à un abreuvoir.

C'est dans l'un des quartiers perdus du Caire, celui du bazar des marchands d'ambre, qu'il faut chercher le premier monument où l'affaiblissement de l'art baharite soit arrivé à un degré suffisant pour être un art nouveau. L'édifice date de 825 (1421), et fut érigé par El-Melekel-Achraf-Barsébaï. Son plan est encore une croix grecque : au-dessus du sahn règne un plafond magnifique, percé sub die de rosaces où s'appuie le treillis d'un dôme en filigrane de bronze, ses fenêtrages fragiles ont un lacis inextricable, et ses arabesques, peintes sur plâtre, semblent le brochage d'un tissu de Damas.

La mosquée sépulcrale d'El- Melek-el-AchrafKaïbaï 871 - (1466) située dans le karafah, au nord de la citadelle, est malgré sa petitesse un chef-d'œuvre de ce style (fig. 93). Tout ce qui est épars dans les autres temples y est réuni avec un incomparable talent, qui fait d'elle un spécimen de l'art arabe, au même titre que les mosquées de Touloûn, d'El-Hakim, d'El-Moëzz et du sultan Hassan.

Et ce n'est pas seulement le chef-d'œuvre d'un style que cette petite mosquée, c'est, dans toute l'acception du terme, un chef-d'œuvre. Son portail hardi (fig. 94) a sa voûte trilobée appareillée avec un goût exquis. A gauche, les fenêtres d'un sébil et d'un médresseh percent la façade (fig. 95). Celles du sébil sont closes , de grilles réticulaires; celles du médresseh, divisées en arcs accouplés, 

    

 

   
Fig. 93. - Mosquée de Kaïtbaï.
 
soutenus par de légères colonnettes, pareils à ceux des loggie des palais italiens. Sur la droite, est un minaret octogone à base carrée, que brodent des rosaces et que surplombe la galerie d'un balcon. Le mur de fond du sanctuaire, refendu par deux hautes travées rectangulaires rachetées par un encorbellement en stalactites, est coupé par deux verrières accouplées, séparées par une rosace. 
 
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