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Chaque année, en effet, l'immigration fournit de nouveaux contingents à la population européenne, et l'étendue des superficies mises en rapport augmente tout à la fois par la création des nouveaux centres qu'installe le gouvernement général et par les acquisitions d'immeubles faites aux indigènes par les européens. C'est ainsi que, progressivement, petit à petit, les broussailles et les palmiers-nains disparaissent pour faire place à de riches cultures ; et, il faut le dire, les débroussaillements et déboisements irréfléchis qu'amène ce progrès de la colonisation détériore en maint endroit le sol et le climat du pays.

Dans ces conditions, et pour juger de la situation agricole, il faut s'en tenir aux documents publiés par l'Administration, en tenant compte de ce double fait que le nombre des producteurs indigènes est six fois, au moins, plus élevé que celui des producteurs européens et que, toute proportion gardée, ceux-ci produisent beaucoup plus que ceux-là.

En 1885, sur 710,087 hectares ensemencés en céréales dans tout le département d'Alger, on a récolté 4,568,405 quintaux métriques, savoir :

 
  Blé tendre  . . . . . . . . . . .  537,407 quintaux.  
Blé dur . . . . . . . . . . .  1,329,292 --
Seigle . . . . . . . . . . .  1,368 --
Orge . . . . . . . . . . .  1,981,097 --
Avoine . . . . . . . . . . .  206,092 --
Maïs . . . . . . . . . . .  22,087 --
Fèves . . . . . . . . . . .  159,973 --
Bechna . . . . . . . . . . .  131,087 --
 

Dans cette production totale, la part des Européens est de 1,278,641 quintaux métriques pour 135,270 hectares.
Les cultures varient suivant la nature du sol et du climat, comme aussi, suivant les moyens d'irrigation dont on dispose.

    

 

   

Les céréales (blé tendre, blé dur, orge, etc.), sont cultivées sur une vaste échelle dans la Mitidja; elles le sont sur une échelle moindre dans les plaines de l'arrondissement de Tizi-Ouzou. Elles rendent en moyenne : aux Européens : le blé, 12 quintaux à l'hectare; l'orge, 12; l'avoine, 15; le maïs arrosé, 18 ; le maïs sec, 6 quintaux; - aux Indigènes : le blé, 6 quintaux; l'orge, 8; le maïs arrosé, 10; le maïs sec, 5 quintaux. L'avoine est d'importation française et n'est cultivée que par les Européens ; les indigènes ont quelques cultures spéciales : le bechna, le sorgho et le millet.

Les cultures maraîchères, dites " de primeurs " - petits pois, haricots verts, artichauts, choux-fleurs, pommes de terre - entreprises en vue de l'exportation, s'étendent par groupes plus ou moins resserrés dans les parties voisines du littoral et aux environs d'Alger. Ces primeurs alimentent chaque année les principaux marchés du midi de la France, et même ceux de Paris.

Les légumineuses (pois, fèves, lentilles, carottes, oignons, piments, etc.), abondent, en hiver, dans la Mitidja, dans les jardins qui s'étendent autour des villes et dans les tribus dont le territoire est irrigué. Dans les hautes terres de l'Ouarsenis et du Djurdjura, les Indigènes utilisent pour leur nourriture le gland doux du chêne ballote, qui remplace les châtaignes.

Les cultures industrielles comprennent :
La vigne, qui a pris depuis quelques années une extension considérable. Les clos les plus renommés par leur étendue ou la qualité de leurs produits, sont situés, les uns sur les coteaux du Sahel, les autres, aux environs d'Alger (Guyotville, L'Alma), dans la Mitidja, dans la banlieue de Miliana et autour de Médéa, dont les vins blancs jouissent d'une certaine célébrité. En 1883, la superficie plantée de cépages noirs et blancs, clans toute l'étendue du département, était de 16,496 hectares, et la quantité de vins récoltés dépassait 343,000 hectolitres.

 
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