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sur les plateaux mêmes, mais elle traverse une région bien
cultivée, fertile en céréales, et qui, pour cette raison, se
rapproche du caractère de la zone tellienne.
Sétif (Sitifis) (12,000
habitants) était déjà à l'époque romaine un centre important au
milieu de cette région agricole. Antienne capitale de la Mauritanie
sitifienne, c'est aujourd'hui une ville toute européenne, sous un
climat sain, à environ 1100 mètres d'altitude. La plaine qui
l'entoure est dépourvue d'arbres; lorsqu'on la traverse après la
récolte, elle a la physionomie de steppes stériles, mais de
nombreux douars arabes, des hameaux européens, plusieurs belles
fermes, témoignent de la fécondité du sol et de l'activité de sa
population. Les tribus arabes sont « plus adonnées que partout
ailleurs à la culture ». Les villages européens, dont une partie
a été fondée avec des Suisses, par une compagnie genévoise, ont
souffert de l'insurrection de 1871, mais ils ont repris rapidement
leur prospérité.
Cette insurrection s'est, en effet,
particulièrement développée, dans les environs de Sétif, sous
l'influence de Mokrani, bach aga de la Medjana, chef d'une grande
famille qui jouissait d'une influence considérable dans toute la
région. Les villages et les fermes furent incendiés; les colons
européens massacrés.
Bordj bon Areridj fut brûlé et
saccagé, mais le bordj, dans lequel s'étaient réfugiés les
habitants, résista heureusement pendant douze jours aux attaques
furieuses de l'ennemi, qui poussa des tranchées de mine jusqu'au
pied des remparts. Sétif fut menacé.
Le village de Bordj bou Areridj
est construit à 915 mètres d'altitude au pied d'un rocher abrupt
que domine le bordj. Celui-ci occupe l'emplacement d'un ancien fort
turc, qui avait remplacé un poste romain. Cette petite ville a
été rebâtie, et sa position au centre de la Medjana, dont la
fertilité est proverbiale, peut lui faire espérer bon avenir.
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A 12 kilomètres au nord-ouest, sur le chemin d'Akbou, se trouve
Bordj Medjana, autrefois une des résidences des Mokrani. Il
surveille une des portes de la Kabylie.
Entre Sétif et Constantine, des centres de colonisation ont été
créés à Saint-Arnaud, à Saint-Donat, à Châteaudun, mais
l'émigration s'est portée de préférence dans la banlieue de
Constantine et dans les vallées du Tell, où la culture de la
vigne donne des résultats merveilleux.
La principale tribu de cette région est celle des Abd en-Nour,
autrefois nomades, et qui, depuis quelques années; se fixent au
sol et commencent à imiter les procédés européens en se
construisant des villages.
Constantine (38,000 habitants), chef-lieu du département,
est construite sur un rocher de 600 mètres environ, dont les
escarpes verticales dominent le ravin du Roummel. Ce rocher faisait
partie de la digue naturelle qui fermait au nord les grands bassins
lacustres des plateaux. Il a été miné par les eaux, qui se sont
d'abord frayé un passage souterrain ; puis, les voûtes de ce
canal se sont en partie effondrées, et il en reste trois arches
gigantesques de 50 à 100 mètres de large, sous lesquelles les
eaux du Roummel s'échappent en magnifiques cascades pour descendre
dans le bassin inférieur.
Cette position exceptionnelle, qui donne à la ville la puissance
d'une forteresse naturelle, à la limite du Tell et des plateaux,
dominant des vallons bien arrosés et féconds, lui assura à
toutes les époques une importance considérable.
Aussi la tradition rapporte qu'elle a été assiégée et conquise
quatre-vingts fois. De l'ancienne Cirta, capitale des rois
numides ; de la Constantine, chef-lieu de la province
romaine, qui avait résisté au torrent dévastateur des Vandales;
il ne reste que des ruines éparses. Mais Constantine conserve
encore de |
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