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les sables; mais la température était effroyable. Ils tombèrent
les uns après les autres; une dizaine d'hommes seulement
arrivèrent mourants à Negrine. On alla au secours de ces
malheureux; mais on ne trouva que 3 ou 400 cadavres, déjà
calcinés par la fournaise saharienne.
Djebel Cherchar et Monts des Nemencha.
A l'ouest de l'oued el-Arab, les
montagnes ont été peu explorées, en dehors des directions qui
conduisent de Tebessa et de Khenchela aux oasis de Negrine, en
traversant les territoires des Nemencha.
Cette grande tribu nomade se fractionne
en trois groupes :
les Oulad Rechaïch, dans le djebel Cherchar et la plaine de Sbikra
;
les Brarcha, dans la vallée de l'oued Hallail ;
les Allouana, entre l'oued Tilidjen et la Tunisie.
Ces tribus ne furent soumises qu'en 1851, après l'occupation de
Tebessa, et restèrent très remuantes.
Le pays des Nemencha est très
intéressant. Les forêts et les eaux y abondent. La plaine du
nomade touche aux montagnes abruptes du Berbère. De nombreuses
ruines romaines attestent son ancienne culture.
Les vallées de l'oued bou Doukan, de
l'oued Hallail et de son tributaire l'oued Tilidjen mettent en
relation les plateaux de Tebessa avec les oasis du Souf et du Djerid.
Ces plateaux sont limités au sud, à une
dizaine de kilomètres de Tebessa, par l'arête du djebel Doukan,
dont l'orientation est la même que celle des rides de l'Aurès.
Parallèlement, en descendant vers le sud, les crêtes du Djebel
Foua, du djebel Ong, et du djebel Madjour (montagne de Negrine)
séparent les étages successifs des plaines de Nemencha jusqu'à la
dépression des grands chotts. Nous donnons à leur ensemble le nom
de Monts des Nemencha.
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Le djebel Ong est à 90 kilomètres environ en ligne droite de
Tebessa.
Dans la vallée de l'oued bou Doukan, au village de Sidi
Abid, construit en amphithéâtre sur les pentes du djebel Raich
(1400m) se trouve le tombeau d'un marabout vénéré, et c'est de
là que sont parties plusieurs fois les incitations à la guerre
sainte. En novembre 1871, le village fut incendié et la mosquée
détruite, en châtiment de l'insurrection des Oulad Sidi Abid.
La route ordinaire de Tebessa à Negrine suit la vallée de l'oued
Cheria, qui s'appelle plus bas l'oued Hallail.
Le village de Cheria ne se compose que d'une vingtaine de pauvres
maisons; le climat, très chaud en été, est rigoureux en hiver.
jusque-là le pays est monotone et inculte; plus en aval, la
végétation devient abondante. C'était, dans cette vallée
qu'était tracée la voie romaine de Carthage à Ad Majores
(aujourd'hui Bessiriani, au sud de Negrine); la route suit un long
défilé de 35 à 40 kilomètres, bordé par des rochers abrupts de
200 mètres de hauteur (Foum Hallel).
Dans ce défilé, Djeurf est un village d'une centaine d'habitants
de race arabe; les maisons sont accrochées au rocher, à 60
mètres au-dessus de la vallée.
La vallée de l'oued Tilidjen s'élargit d'abord en une
grande plaine couverte de ruines romaines. Un fort, placé à
Tirebesa, commandait la sortie du défilé qui réunit cette
vallée aux plaines sahariennes. La rivière traverse la chaîne du
djebel Ong, dont la ligne noirâtre limite l'horizon.
Plus au sud, une dernière ride peu accentuée (djebel Madjour)
marque la ligne des oasis de Ferkan et de Negrine. Au delà,
s'étend l'immensité du Sahara.
Negrine est un petit ksar de 200 maisons environ, avec 1500
palmiers.
Ses habitants reconnaissaient nominalement notre autorité, mais
s'abstenaient de payer l'impôt et offraient un refuge et des
ravitaillements aux tribus insurgées. C'était un entrepôt de |
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