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à celui de la mer. Les données du problème de la création d'une mer
intérieure se trouvaient ainsi très modifiées. On persista
pourtant, pendant un certain temps, dans les efforts pour en amener
la solution.
Nous résumons succinctement le résultat
des études faites sous la direction du commandant Roudaire pour le
nivellement des chotts :
L'extrémité ouest du chott Melghir
1, à 50 kil. au sud de Biskra, est à 375 kil. du golfe
de Gabès; le chott Melghir se prolonge par une suite de
dépressions séparées les unes des autres par des seuils plus ou
moins larges, et dont les principales sont : le chott Rharsa,
que coupe la frontière de Tunisie et le chott el-Djerid. Le
fond en est ondulé, couvert de cristallisations salines, et, en
beaucoup d'endroits, d'une consistance boueuse.
A une époque difficile à préciser,
postérieure, peut-être, aux temps historiques, cette région
était un grand lac. Le commandant Roudaire a pensé que ce bassin
devait être l'ancien golfe Triton de la géographie de Ptolémée;
mais cette opinion a été vivement contestée 2.
Le nivellement géométrique du chott
Melghir fut exécuté pendant l'hiver 1874-1875, sur un périmètre
de 540 kil.
Des profondeurs de plus de 31 mètres furent trouvées près du bord
occidental; mais le fond du chott se relève vers l'est.
Il est séparé du chott Rharsa par le seuil d'Asloudje,
large de 15 kil., dont l'altitude est de 1 à 2 mètres au-dessous
de la cote zéro. Ce seuil forme un petit bassin fermé d'une
superficie de 80 kil., bordé à l'ouest et à l'est par des dunes
de sables de 7 à 10 mètres d'élévation.
1 Il serait
sans doute plus exact d'écrire Melghigh au lieu de Melghir,
Gharsa au lieu de Rharsa. Nous nous sommes cependant
demandé s'il ne fallait pas faire une concession aux habitudes
prises.
2 Le docteur Rouire, dans une série de notes soumises à
l'Académie des Sciences, croit devoir retrouver le lac Triton dans
la sebkha Kelbia, au nord de Kairouan. (Voir plus loin à la
Tunisie.)
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La superficie du bassin inondable du chott Melghir est évaluée à
6,900 kil. car. ; celle du chott Rharsa, à 1300 kil. car. La
superficie inondable totale est donc de 8,200 kil. car., soit 14 à
15 fois la surface du lac de Genève. La profondeur moyenne,
presque uniforme, est de 24 mètres.
L'année suivante (1876), le commandant Roudaire, partant de
Gabès, fit un second nivellement pour se raccorder avec celui du
chott Melghir. Il constata l'existence d'un seuil de 22 kil. entre
la côte et l'extrémité orientale du chott el-Djerid. Ce seuil
est formé, en partie, de roches dures (grès ou calcaires) et, en
partie, de sables. Il est constitué par deux lignes de collines
dirigées du nord au sud : la première, à 10 kil. de la mer, à
une altitude de 28m,45; la seconde, à 9 kil. plus loin, à une
altitude de 46m,36.
Quant au chott el-Djerid, son niveau est de 15 à 20 mètres
au-dessus de celui de la mer, mais il est formé d'une croûte
molle et peu épaisse, sels et sables agglomérés, sur laquelle il
est impossible de marcher, et au-dessous de laquelle des sondages
ont permis de constater l'existence d'une nappe d'eau et de
courants en sens divers.
Le chott el-Djerid ne peut être traversé que sur un petit nombre
de chaussées étroites, dont les indigènes suivent le jalonnement
avec la plus grande prudence. Le moindre écart en dehors de la
route tracée exposerait les caravanes à l'enlisement. Les
traditions, grossies sans doute par l'imagination des conteurs,
parlent de caravanes d'un millier de chameaux disparus, les uns
derrière les autres, dans les boues du chott el-Djerid.
La surface de ce chott est évaluée à 5,000 kilomètres carrés.
Le chott el-Djerid est séparé du chott Rharsa par un seuil ayant
de 10 à 15 kil. de largeur avec des altitudes variables : 50
mètres au seuil de Mouïat Sultan, à l'ouest de Nefta; 79 à 81
mètres entre Tozeur et Dgache ; 90 mètres au seuil de Kris.
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