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Le commandant Roudaire a proposé d'inonder les chotts et de créer une mer intérieure en ouvrant une communication entre le golfe de Gabès et le chott Rharsa, au moyen d'un canal qui, après avoir percé le seuil de Gabès (ou celui de l'oued Melah, plus au nord), traverserait le chott el-Djerid et franchirait le seuil de Tozeur.

La création de cette mer intérieure, contribuerait, a-t-on dit, à la sécurité du Sud de l'Algérie. En outre, on espérait que cette vaste nappe d'évaporation donnerait naissance à des nuées qui se résolveraient en pluies, amélioreraient le climat de cette partie du Sahara, et augmenteraient le volume des eaux souterraines.
Ces propositions, soumises en 1882 à l'examen d'une commission, n'ont pas été adoptées, en raison surtout des dépenses élevées qu'elles devaient entraîner. Une compagnie, sous le patronage de M. de Lesseps, a cherché à reprendre le projet à ses risques particuliers en demandant seulement des concessions de forêts dans l'Aurès et de terres autour du bassin inondé. Ce projet a été abandonné.

Les chiffres suivants ont quelque intérêt :
Surface inondable : 8,200 kilomètres carrés.
Capacité du bassin : 172 milliards de mètres cubes. Évaporation annuelle prévue : 6 milliards de mètres cubes. Volume des eaux à amener, en tenant compte de l'évaporation, pour remplir le bassin en 10 ans : 222 milliards de mètres cubes ;
soit un débit de 704 mètres cubes par seconde, égal à 20 fois le volume de la Seine à son embouchure aux basses eaux; ce résultat pourrait être obtenu par un canal ayant une profondeur de 14 mètres et une largeur de 30 mètres au plafond. La longueur du canal serait de 480 kil.
La commission a calculé :
Un déblai de 576 millions de mètres cubes de terre, et de 26 millions de mètres cubes de rochers.
Ce qui occasionnerait une dépense de 1,286 millions de francs.
Le commandant Roudaire, de son côté, pensait ne devoir les évaluer qu'à 177 millions, et il supposait que les bénéfices des concessions couvriraient les intérêts du capital engagé.


    

 

   

 

IV.

SAHARA
et
EXPLORATIONS SAHARIENNES 1.

 


Les grandes explorations du centre de l'Afrique faites, de nos jours, par de hardis voyageurs, ont appelé l'attention de l'Europe sur ces immenses régions que l'on appelle Nigritie (Dhidi Ba) ou Soudan (Haousa).

Pour atteindre ce pays, où l'industrie et le commerce pourraient trouver, espère-t-on, de vastes marchés, les voyageurs sont ordinairement partis des côtes du Zanzibar, des hautes régions du Nil, ou des côtes de la Tripolitaine. Un autrichien, le Dr Lenz, est le seul européen qui ait réussi à se rendre du Maroc au Sénégal par Timbouctou (1880). Toutes les tentatives faites par des voyageurs partis du sud de l'Algérie ont échoué ou ont été arrêtées par un dénouement tragique.

Séduits par la grandeur de l'entreprise et trop portés à s'en dissimuler les difficultés, des hommes, considérables par leur situation, ont posé, il y a quelques années en France, le problème de la construction d'un

1 Voir les cartes et les notices : Méditerranée et Nord de l'Afrique. - Afrique de l'Atlas Niox.

 
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