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   chemin de fer transsaharien et ne l'ont point trouvé insoluble.

On a dit que la distance d'Alger à Timbouctou n'était pas la moitié de celle qui sépare New-York de San Francisco, que les obstacles à franchir n'étaient pas plus considérables que ceux du centre de l'Amérique, et que les populations n'en étaient pas plus à craindre.

Partant de ces données un peu vagues, on résolut de commencer des études préliminaires, et l'on pensa pouvoir leur donner un caractère absolument pacifique. Dans ce but, on décida d'écarter l'élément militaire.

Une exception fut faite cependant pour la mission qui devait explorer le sud du Sahara de Constantine; tout en étant organisée par le ministère des travaux publics, le commandement en fut confié au lieutenant-colonel Flatters, qui, ayant séjourné longtemps à Laghouat, avait eu des relations avec les tribus des Chambaâ et avait accueilli avec enthousiasme l'idée de se rendre au Soudan.

Il était certainement illusoire d'espérer que les bandes pillardes des Touareg et les autres nomades du Sud sauraient apprécier cette nuance de l'organisation civile des missions et rendraient hommage à là pensée pacifique et civilisatrice qui en inspirait les organisateurs.

Pour les populations du désert, tout Européen est un ennemi, et l'on ne peut s'en faire respecter qu'à la condition de s'en faire craindre.

Trois missions furent envoyées dans le sud de chacune des provinces :

La mission de la province d'Oran ne dépassa pas Tiout. Prévenue que des coureurs marocains battaient le pays, elle rétrograda.

    

 

   

Cette région avait déjà été visitée, en 1847, par le général Cavaignac, et la route en était connue. En 1860, le commandant Colonieu était même allé jusqu'au Gourara. De ce côté, aucune donnée nouvelle ne fut donc acquise.

La mission de la province d'Alger se rendit de Laghouat à Goléa par le Mzab et revint de Goléa à Biskra, directions également connues, mais qui furent plus particulièrement étudiées au point de vue technique de la construction d'une voie ferrée.

Elle constata que, dans les environs de Goléa, les areg n'avaient qu'une largeur de quelques kilomètres (1500 mètres même en un certain point), et que la construction d'une voie ferrée offrirait peu de difficultés 1.

Enfin, la mission principale, sous la direction du colonel Flatters, s'organisa à Ouargla au mois de mars 1880.

Plusieurs voyageurs avaient déjà tenté de pénétrer chez les Touareg.
En 1848, M. Ismaïl Bou Derba, interprète militaire, se rendit de Laghouat à Rhat 2, et courut les plus grands dangers. C'était cependant un arabe instruit, très à hauteur de sa mission, et connaissant, autant qu'il était possible, les mœurs des nomades. Il n'échappa à la mort qu'en revenant à marches forcées de Rhat à Ouargla.

De 1850 à 1854, un allemand, Barth, était allé de Rhat, par Asiou et Agadès, à Sokoto et à Timbouctou.

1 Mission Choisy (Revue des Deux-Mondes, 1er février 1881).

2 Il serait, sans doute, préférable d'écrire Ghat et non Rhat, de même qu'on écrit Ghadamès; nous avons cru devoir cependant nous conformer, pour cette orthographe, aux habitudes reçues. Rien n'est plus difficile que de vouloir appliquer un principe d'une façon absolue.

 
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