|
quelque utopie ou du rêve bienfaisant de quelque despote oriental ?
» Après examen, le Gouvernement retira d'ailleurs le projet de loi
sur les camps agricoles présenté à la Chambre des députés.
En 1848, alors que Paris regorgeait
d'ouvriers sans emploi, on eut la pensée de les diriger sur
l'Algérie. Un décret fixa à 13,000 le nombre des colons à
envoyer; un crédit de 50 millions fut affecté à cette entreprise,
dont les débuts s'annoncèrent aussi heureusement que possible.
Quelques années après, on reconnaissait tristement que les
résultats de ce deuxième essai de colonisation officielle
n'avaient pas été très satisfaisants et l'on dut s'arrêter dans
cette voie.
En 1871, dans un mouvement de sympathie
généreuse, l'Assemblée nationale attribua 100,000 hectares aux
familles d'Alsaciens-Lorrains qui voulaient quitter le territoire
cédé à l'Allemagne. Un millier de familles 1 furent
ainsi introduites en Algérie. L'installation de ces émigrants fut
longue et pénible; deux ans après, les maisons n'étaient point
encore partout construites; les colons vivaient sous la tente. La
plupart n'étaient pas des cultivateurs, mais bien des ouvriers de
fabrique, incapables, eux et leurs familles, de supporter les
épreuves de cette rude vie. Beaucoup encore se découragèrent et
disparurent.
Les observations statistiques semblent
d'ailleurs prouver que les Alsaciens, comme les Allemands, ont, en
général, une grande difficulté à s'acclimater en Algérie et à
y faire souche.
ne fut pas peu surprise de
voir un beau matin une vingtaine de jeunes soldats descendre sur ses
quais et parcourir ses rues, avec la mission officielle de
découvrir et de ramener au plus vite à Alger un nombre égal de
jeunes filles se sentant la vocation de contribuer au peuplement de
notre colonie », et le Moniteur constata que la femme du
maire de Toulon avait bien voulu se charger de diriger elle-même,
avec un zèle patriotique et méritoire, les choix de couples
parfaitement assortis.
1 1020
familles, ou plus de 5,000 individus répartis dans 60 villages.
|
|
|
|
Des résultats meilleurs furent toutefois obtenus par la Société
de protection des Alsaciens-Lorrains, dans les villages d'Haussonviller,
de Boukalfa, du Camp-du-Maréchal, grâce à une sélection
soigneuse des concessionnaires, auxquels on demandait, outre des
aptitudes agricoles, la possession d'un petit capital et le
remboursement d'une partie des avances qui leur étaient faites.
De ces expériences successives , il semble résulter que
l'encouragement à la colonisation doit moins consister dans
l'affectation gratuite de terrains à des concessionnaires dénués
de ressources, que dans le judicieux emploi des crédits
disponibles à la construction de routes et d'établissements
d'utilité publique, en laissant aux colons la liberté et
l'initiative, qui sont les conditions principales de tout progrès.
Quant aux cultures, elles doivent sagement être restreintes à
celles qui prospèrent dans les départements méridionaux de la
France, dont le climat a de grandes analogies avec celui de
l'Algérie , c'est-à-dire aux céréales, à l'olivier, à la
vigne 1.
Les cultures du café, du coton, de la canne à sucre, que l'on
avait rêvé d'acclimater en Algérie, n'y donnent aucun résultat
utile, et la production des dattes, possible seulement dans les
oasis de l'extrême Sud, à la température desquelles le
1 La culture de la vigne donne des résultats
merveilleux depuis quelques années; aussi partout plante-t-on avec
une sorte de fièvre ; les Arabes eux-mêmes créent des vignobles.
Dans certains cantons de la province d'Oran, le rendement moyen est
d'environ 60 hectolitres à l'hectare. Or l'hectare de bonne terre,
acheté à l'indigène, défriché et planté, revient à moins de
1000 francs et la vigne produit la troisième année.
Le rendement a exceptionnellement atteint 100 à 120 hectolitres.
Le développement excessif de cette seule culture peut causer
cependant quelques alarmes pour l'avenir. Pour le présent, elle a
le grand |
|