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le climat rigoureux des Hamada. Les habitants sont de mœurs rudes,
mais, comme ils sont riches et attachés à leurs terres, il est
assez facile de les gouverner. Un grand nombre de tribus nomades ont
également, dans le nord, des terres de labour, et cet
enchevêtrement de tribus et de territoires est une des difficultés
de l'administration de la Tunisie.
Les passages dans le massif des Hamada
sont :
- la voie romaine du Kef à Sousse, par le djebel Bargou, taillée
dans le roc ; elle est, dans son état actuel, à peine praticable
aux mulets;
- la voie romaine du Kef à Kairouan, qui se sépare de la
précédente dans les environs de Ksar el-Hadid sur l'oued Siliana,
où vient aboutir également la route de Teboursouk ;
- la voie romaine du Kef à Kairouan et à el-Djem ¹ par Makter
(Oppidum Mactaritanum), Ellez, et Kessera.
Toutes ces routes sont jalonnées par des ruines romaines 2.
Le seuil d'er-Rouhia (Bahira 3 er-Rouia) est très bas et
très large (600 à 700m). Il donne passage à la route du Kef à
Kairouan et du Kef aux grandes ruines de Sbeitla (Sufetula).
A en juger par l'étendue et la beauté
de ces ruines, il devait se trouver à cet endroit une ville
considérable.
Parallèlement à la direction du
soulèvement de la crête centrale, se trouvent des avant-chaînes
d'altitudes plus faibles et de moindre étendue. La grande voie
romaine de Carthage à Cirta (Constantine) par Medjez el-Bab
(Nembressa ?), Testour (Bisica Lucana), Teboursouk (Thugga),
Bordj Messaoudi, le Kef (Sicca Veneria), Bordj Sidi Yousef,
Souk-Arras (Tagaste), en longe les versants ; elle est
entièrement carrossable.
¹ Il se trouve à el-Djem
(Thysdras) de grandes ruines et un amphithéâtre romain.
2 C'est au nord-est de Makter que l'on croit avoir
retrouvé (en 1883) l'emplacement de Zama (Bulletin de la
Société de Géographie de Paris, 6 avril 1883).
3 On donne le nom de Bahira à des vallées creuses ou à
des fonds de bassins lacustres.
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Dans les sillons longitudinaux tracés par le lit de la Medjerda,
de l'oued Mellègue, de l'oued Miliana, de l'oued Zeroud viennent
déboucher les ravins perpendiculaires par lesquels s'écoulent les
eaux des montagnes ; le caractère général de toutes ces vallées
est une alternance de bassins lacustres séparés par des gorges
étroites.
Dans les bassins sont des plaines cultivées et ordinairement très
fertiles ; les gorges ouvrent les passages pour les routes qui les
unissent et pour les eaux qui descendent d'étage en étage.
Versant nord-ouest.
Tell. - Sous la dénomination de Tell nous désignons,
l'ensemble de la région comprise entre les côtes septentrionales
et la vallée de Medjerda. Il se subdivise en Kroumirie à l'ouest
et Mogod à l'est.
Kroumirie. - A l'ouest, entre la frontière de la province
de Constantine et l'oued Zaïne (flumen Tusca), se trouve un
massif très confus et très boisé, véritable Kabylie tunisienne;
d'une altitude de 800 à 1000 mètres.
Ce sont les montagnes des Kroumirs (Tusca des Romains), dans
lesquelles vivent des tribus de race berbère, misérables et très
sauvages, souvent en révolte, et sur lesquelles le bey de Tunis
n'avait jamais exercé une réelle autorité.
Elles sont nomades, campent avec leurs troupeaux ou habitent dans
les rochers de leurs impénétrables forêts. N'ayant point de
villages, elles étaient insaisissables et ne payaient tribut que
d'une façon fort irrégulière.
Ces populations, dont on avait grossi l'importance, comptent
seulement quelques milliers d'hommes ; elles vivaient du produit de
leurs forêts, de l'exploitation du liège, qu'elles apportaient au
marché de la Calle, et, le cas |
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