Pages précédentes GÉOGRAPHIE MILITAIRE  LIVRE VI ALGÉRIE et TUNISIE Pages suivantes
 - 374 -  Retour page Table des matières  - 375 -
   
   échéant, du pillage des navires que la tempête jetait sur leurs côtes ¹.

Le terrain dont le soulèvement forme ces montagnes, est constitué, soit par des granits, soit par des assises successives de grès et de marnes. Il en résulte que les érosions dues aux agents extérieurs escarpent les couches brisées et rendent l'accès des sommets excessivement difficile. C'est un chaos de crêtes désordonnées qui s'élèvent à 600 ou 800 mètres.

On y a signalé quelques cônes volcaniques dont un donnait de la fumée en 1878 (Pelissier de Reynaud). Les eaux sont abondantes; elles coulent dans des failles profondes, d'où elles s'échappent par des coupures perpendiculaires. Ces ravins forment des sillons qui déchirent les montagnes et les pénètrent. Ce sont donc des routes naturelles qui permettent d'entrer dans le pays.

L'île de Tabarka est située en face de l'embouchure de l'oued el-Kebir, dans lequel viennent se réunir la plupart des ruisseaux du versant nord; c'est là que se trouve le nœud des communications de ce versant, et la principale porte d'entrée de ce pays.

Dans toutes les autres directions, on ne pénètre que par des cluses faciles à barrer 2.

¹ Le 21 janvier 1878, le navire français l'Auvergne, échoué près de Tabarka, est pillé, son équipage maltraité et complètement dépouillé. Les ouvriers des mines françaises d'Oum et-Teboul ont été fréquemment attaqués, maltraités, et tués par les Kroumirs, qui dévastaient les travaux des mines et en rendaient l'exploitation à la fois périlleuse et stérile. Depuis l'occupation militaire française, la sécurité est complète dans ce pays.
2 Il y a quelques années, un des chefs du pays laissa entrer, par une de ces coupures, la colonne de troupes tunisiennes chargée de percevoir

    

 

   

Dans l'expédition de 1881, les colonnes françaises, n'ont rencontré que des résistances insignifiantes, mais elles ont eu de grandes difficultés de marche.

Au milieu de ces montagnes et près de la frontière algérienne, la Kouba d'Abdallah ben Djemel, dont les Kroumirs se prétendent les descendants, est un lieu de pèlerinage très visité et naturellement un nœud de sentiers.

Il existe dans ces montagnes des mines de cuivre et de plomb argentifère, quelques-unes exploitées, comme celle d'Oum et-Teboul sur la frontière, et d'autres dont on pourrait sans doute reprendre l'exploitation, mais les richesses forestières, convenablement aménagées, deviendraient une source plus importante de revenu ¹. C'est la seule partie boisée de la Tunisie. Partout ailleurs, on ne trouve que des forêts de broussailles ou de pins rabougris.

Il n'y a en Kroumirie aucun centre fixe de population; les noms portés sur les cartes indiquent seulement des emplacements de marchés.

Le centre du commandement militaire a été établi à Aïn Draham, au nœud hydrographique de la Kroumirie. Des chemins en divergent dans toutes les directions; le poste a été relié par des routes avec Tabarka (30 kil.), avec la Calle (40 kilom.) par Oum et-Teboul et el-Aïoun, et avec le chemin de fer de la Medjerda; station de Souk el-Arba (42 kilom.).

Au sud des montagnes des Kroumirs, le pays, toujours

l'impôt, puis lui ferma la retraite, la fit prisonnière, et ne la laissa partir que moyennant rançon.
2 En 1872, le port de la Calle exportait 20,000 quintaux de tanin, 12,000 quintaux de charbon, 6,000 traverses, etc., venant de la Kroumirie.

 
Pages précédentes   Retour page Table des matières   Pages suivantes