|
échéant, du pillage des navires que la tempête jetait sur leurs
côtes ¹.
Le terrain dont le soulèvement forme ces
montagnes, est constitué, soit par des granits, soit par des
assises successives de grès et de marnes. Il en résulte que les
érosions dues aux agents extérieurs escarpent les couches brisées
et rendent l'accès des sommets excessivement difficile. C'est un
chaos de crêtes désordonnées qui s'élèvent à 600 ou 800
mètres.
On y a signalé quelques cônes
volcaniques dont un donnait de la fumée en 1878 (Pelissier de
Reynaud). Les eaux sont abondantes; elles coulent dans des failles
profondes, d'où elles s'échappent par des coupures
perpendiculaires. Ces ravins forment des sillons qui déchirent les
montagnes et les pénètrent. Ce sont donc des routes naturelles qui
permettent d'entrer dans le pays.
L'île de Tabarka est située en face de
l'embouchure de l'oued el-Kebir, dans lequel viennent se réunir la
plupart des ruisseaux du versant nord; c'est là que se trouve le nœud
des communications de ce versant, et la principale porte d'entrée
de ce pays.
Dans toutes les autres directions, on ne
pénètre que par des cluses faciles à barrer 2.
¹ Le 21 janvier 1878, le
navire français l'Auvergne, échoué près de Tabarka, est pillé,
son équipage maltraité et complètement dépouillé. Les ouvriers
des mines françaises d'Oum et-Teboul ont été fréquemment
attaqués, maltraités, et tués par les Kroumirs, qui dévastaient
les travaux des mines et en rendaient l'exploitation à la fois
périlleuse et stérile. Depuis l'occupation militaire française,
la sécurité est complète dans ce pays.
2 Il y a quelques années, un des chefs du pays laissa
entrer, par une de ces coupures, la colonne de troupes tunisiennes
chargée de percevoir
|
|
|
|
Dans l'expédition de 1881, les colonnes françaises, n'ont
rencontré que des résistances insignifiantes, mais elles ont eu
de grandes difficultés de marche.
Au milieu de ces montagnes et près de la frontière algérienne,
la Kouba d'Abdallah ben Djemel, dont les Kroumirs se
prétendent les descendants, est un lieu de pèlerinage très
visité et naturellement un nœud de sentiers.
Il existe dans ces montagnes des mines de cuivre et de plomb
argentifère, quelques-unes exploitées, comme celle d'Oum
et-Teboul sur la frontière, et d'autres dont on pourrait sans
doute reprendre l'exploitation, mais les richesses forestières,
convenablement aménagées, deviendraient une source plus
importante de revenu ¹. C'est la seule partie boisée de la
Tunisie. Partout ailleurs, on ne trouve que des forêts de
broussailles ou de pins rabougris.
Il n'y a en Kroumirie aucun centre fixe de population; les noms
portés sur les cartes indiquent seulement des emplacements de
marchés.
Le centre du commandement militaire a été établi à Aïn
Draham, au nœud hydrographique de la Kroumirie. Des chemins en
divergent dans toutes les directions; le poste a été relié par
des routes avec Tabarka (30 kil.), avec la Calle (40 kilom.) par
Oum et-Teboul et el-Aïoun, et avec le chemin de fer de la
Medjerda; station de Souk el-Arba (42 kilom.).
Au sud des montagnes des Kroumirs, le pays, toujours
l'impôt, puis lui ferma la retraite, la fit prisonnière, et ne la
laissa partir que moyennant rançon.
2 En 1872, le port de la Calle exportait 20,000 quintaux
de tanin, 12,000 quintaux de charbon, 6,000 traverses, etc., venant
de la Kroumirie. |
|