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Les récoltes, chez nous, approchent de la maturité ; les Beni Slyman ont déjà commencé celle des orges. Depuis que je me suis emparé des mauvais sujets de cette tribu, elle est parfaitement tranquille. J'en ferai autant chez les Aribs, et je vous les enverrai tous. La contrée pourra faire alors ses récoltes avec sécurité. Dites-moi si M. le Maréchal reviendra bientôt. Que Dieu le conserve ; c'est l'âme de ce pays.

 
El-Arbi-el-Khaya, agha des Khrachnas, à M. le lieutenant-général De Bar.
 

Après les compliments ;

Je m'empresse de vous informer que Bel-Kassem-ou-Kassy a voulu convoquer les Beni-Raten pour les entraîner à sa suite ; mais ils s'y sont refusés, et l'ont même chassé de leur pays. De là, Bel-Kassem-ou-Kassy s'est transporté chez les Beni Djenad avec la même intention ; il n'a pas été plus heureux : car cette tribu, craignant de vous des représailles, n'a pas voulu l'écouter.

J'ai entendu dire que les Beni-Meddour et les Ouled-el-Aziz ont quitté leur pays, par suite de la frayeur que leur a inspirée l'armée de Médéah ; ils se seraient retirés chez les Ouadya. Saïd-ben-Guennan, le kaïd des Issers, vous adresse ses salutations respectueuses ; il me charge de vous dire que tous les jours les cavaliers de sa tribu montent à cheval et poussent des reconnaissances jusqu'à Tizi-Ouzou. Personne ne bouge ni ne s'oppose à ses patrouilles.

Nous sommes toujours campés à Dra-ben-Kedda ; veuillez nous dire ce que nous devons faire.

Salut, de la part de votre serviteur.

 

    

 

   
Ainsi les versants ouest du Jurjura jouissaient d'un calme assez durable, et leurs chefs pouvaient même s'absenter momentanément pour venir recevoir à Alger le renouvellement de leurs pouvoirs. Cette cérémonie fut accompagnée de quelque éclat ; le jeune Ben-Zamoun y parut avec le khalifa Ben Mahy-ed-Din. Ils annonçaient la prochaine rentrée de la zeccat et de l'achour dans toute l'étendue de leurs gouvernements.

Mais dans le région sud du Jurjura, le parti de l'émir épiait attentivement les moindres occasions de relever la tête. Ben-Salem ayant réussi à se mêler aux dissensions intérieures des Ouled-Nayls, s'y était créé de la sorte un certain nombre de partisans : il couvait également quelques désordres dans le Djebel-Dira : néanmoins son point d'appui le plus sûr était dans la tribu des Ouled-el-Aziz. La colonne de Médéah, dont une des lettres précédentes cite le concours à la répression des Aribs, n'était pas sortie seulement dans ce but ; elle devait lier ses opérations avec le corps expéditionnaire de Sétif, afin de pacifier le territoire placé sous la surveillance immédiate des deux subdivisions.

Le 21 juin, les généraux d'Arbouville et Marey avaient opéré leur jonction près de Hamza, dans le but de châtier les Ouled-Aziz et les Beni-Yala qui faisaient cause commune. A huit heures du matin, Ben-Salem dirigeant les guerriers de ces deux tribus vint couronner, en présence du camp français, des hauteurs assez escarpées. A dix heures, nos troupes s'ébranlaient pour l'en chasser. Quatre bataillons, quatre pièces de montagne, six escadrons sont consacrés à cette attaque : elle réussit complètement. Les Kabyles se reforment sur une seconde chaîne de positions appartenant au Djebel Baghas ; ils en sont encore débusqués par neuf compagnies, sous les ordres du colonel de Chasseloup Laubat. La cavalerie et les goums trouvent également l'occasion d'agir ; le capitaine de spahis Pyat tombe frappé d'un coup mortel en tête de la charge : nos pertes s'élèvent à quatre hommes tués et une trentaine de blessés, sans compter ceux du 

 
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