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sur la Dordogne, au milieu d'une vaste et fertile plaine, entourée de coteaux
que des vignobles couronnent. Quoique généralement mal bâtie, elle offre
quelques rues neuves qui font exception. Sa richesse principale est dans ses
vins et ses papiers. Elle est l'entrepôt entre le département de la Gironde
et ceux du centre.
« Libourne, ville de 9000 âmes, est une des plus charmantes du royaume, avec
des rues larges et droites, une belle place, de belles casernes et de
délicieuses promenades. Au confluent de la Dordogne et de l'Isle, des
vaisseaux de trois cents tonneaux remontent jusque-là; elle fait le grand
commerce de sel, de vin excellens, d'eaux-de-vie, de petites étoffes, corderie
et verrerie.
« De Libourne je fus bientôt â Bordeaux, j'avais par cette seconde route
parcouru 153 lieues.
« J'y revins par une troisième route, en partant encore de Paris. Cette fois
je sortis par le Cours la Reine, la barrière de Passy, et le village de ce
nom. Je passai la Seine à Sèvres, bourg de 4000 habitans, connu par sa
manufacture royale de porcelaine, la plus célèbre de toute l'Europe.
« Pas un de vous qui n'ait ouï parler du château de Versailles, la merveille
du siècle de Louis XIV , et le chef-d'œuvre de Lenôtre et de Mansard. En
arrivant par la place d'armés, je me trouvai fort désappointé d'entrer dans
une cour assez triste qu'entouraient de maussades constructions en briques;
c'est le vieux bâtiment,
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qui date de Louis XIII, et que son successeur a voulu conserver.
En le voyant du parc, on apprécie mieux son mérite. L'empereur de
Russie, Pierre-le-Grand, a fait de cette façade fort belle, mais
dont les ailes sont peut-être trop prolongées, une critique
spirituelle: C'est, a-t-il dit, « le corps d'un pigeon avec
les ailes d'un aigle ». Le parc a quatre lieues de longueur;
il est orné d'allées et de bosquets charmans, de bassins garnis de
marbre et embellis de jets d'eau et de groupes en bronze, d'une
orangerie, véritable chef-d'œuvre et d'un canal. Ce que les
bourgeois de Paris admirent le plus à Versailles, ce sont les jets
d'eau, qui jouent aux grandes fêtes. La ville est triste, et sans
industrie. De 100,000 habitans qu'elle compta aux temps de sa
splendeur l'époque où elle était la résidence ordinaire du
monarque, elle en possède aujourd'hui à peine
30,000. Sa belle manufacture d'armes a été détruite en 1815, lors
de la prise de la ville par les Prussiens.
« Je sortis de Versailles par la barrière de l'Orangerie, en
passant le long d'une admirable pièce d'eau, appelée Pièce d'eau
des Suisses. Bientôt je laissai sur ma droite Saint-Cyr, jadis
couvent de bénédictines, consacré par madame de Maintenon à
l'éducation de jeunes filles, maison d'invalides pendant la
révolution, et depuis l'empire école militaire, qui fournit à
l'armée des jeunes officiers d'infanterie.
« J'atteignis ensuite la forêt de Rambouillet, et j'entrai dans la
ville de ce nom en laissant
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