« Limoges, capitale de l'ancienne province du Limousin, sur la rive droite de la Vienne, occupe de même une vallée et la pente d'une montagne, ce qui rend plusieurs de ses rues d'un accès difficile. La fontaine d'Angoulême, l'église Saint-Martial avec son clocher hardi, et les belles terrasses des jardins de l'évêché, sont tout ce que je me rappelle en monumens. Limoges commerce surtout avec Toulouse; elle fabrique des lainages, des cotonnades et de la porcelaine. Ses environs sont riches en fer et étain. Ses montagnes donnent du porphyre et du marbre. La population est de 22,000 habitans. Chaque année la ville et ses environs en voient émigrer un grand nombre, qui vont dans la capitale exercer les professions de maçon, charpentier, etc. Les chevaux du Limousin sont très-estimés; il existe à Saint-Jean un superbe haras.
« Je me détournai de mon chemin, pour visiter à trois lieues au sud Saint-Yrieix, ville mal bâtie, qui possède une magnifique manufacture de porcelaine, et plusieurs forges considérables dans ses environs. Elle commerce en

chevaux, bétail et kaolin. C'est la terre blanche employée pour la porcelaine. Elle approvisionne de dernier article Limoges, Nantes et Sèvres .
« Je passai ensuite Aixe et Chalus, pour atteindre Périgueux sur la rive droite de la rivière de l'Isle. La tour de Vesune, les restes d'un amphithéâtre, et quelques débris de vieux remparts attestent son antiquité. Sous l'ancienne monarchie Périgueux était déclaré franc d'impôts à cause de la pauvreté de ses habitans. Le commerce de truffes, de liqueurs et de pâtés, justement célèbres, l'enrichit de nos jours. Je m'oublierai jamais un relief sur bois, représentant l'annonciation de la Vierge, qu'on me fit voir dans l'église de Saint-Front. C'est un chef-d'œuvre d'art, et surtout de patience, qu' il n'était donné qu'à un moine de pouvoir conduire à fin. Périgueux, compte environ 9000 âmes.
« Il est étonnant quelle quantité de sources arrose le département de la Dordogne. On compte plus de 4500 cours, dont cinq cents ont de l'importance. Je visitai aux environs de Sarlat les cinq sources qui alimentent les rivières du Doux et de la Salibourne. L'une, au fond d'un étroit vallon, remplit un bassin d'environ 520 pieds de circonférence, et dont la sonde n'a pu trouvé le fond. On me conduisit aussi dans des grottes extrêmement curieuses à Miremont, entre Sarlat et Périgueux.
« Avant d'entrer dans le département de la Gironde, je laissai à quelques lieues sur ma gauche Bergerac, ville de 9000 habitans, située