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d'Avignon, elle est le chef-lieu du département de Vaucluse. Sous la
domination papale elle eut, comme beaucoup de villes, son quartier des juifs,
où ces malheureux étaient parqués et enfermés à double tour pendant la
nuit; contraints à porter un bonnet jaune, ils étaient tenus de saluer
humblement tout passant. Un prêtre avait la mission d'aller chaque jour leur
prêcher l'Évangile, et travailler à leur conversion. Les maisons d'Avignon
sont toutes construites en pierre de taille, les rues sont généralement
tendues en toile dans l'été, usage que l'extrême chaleur rend nécessaire,
et qui existe dans toutes les villes de Provence. Le portail de la cathédrale
se recommande par des colonnes qui sont évidemment antiques. On allait visiter
dans la ci-devant église des Cordeliers le tombeau de Laure, la maîtresse du
poète italien Pétrarque. Aujourd'hui un cyprès seul en indique la place au
milieu de ruines, sur un terrain qui appartient à un jardinier. François Ier
avait cédé à la curiosité impie de faire ouvrir cette tombe: à côté des
ossemens, il trouva une petite boîte de plomb, renfermant un griffonnage de
vers italiens. L'ancien palais, construit par les papes qui résidèrent à
Avignon pendant le 14ème siècle, se recommande par la solidité de sa
construction, sa masse imposante, l'étendue de son enceinte, les terrasses de
sa toiture; c'était la demeure du vice-légat; il présente aujourd'hui un
labyrinthe d'appartemens dégradés. Ses fossés profonds, et les tours qui le
flanquent, en faisaient une citadelle, plutôt
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qu'un palais ecclésiastique. Il faut voir, comme merveille
d'art, le crucifix en ivoire dans la maison des foux. La promenade
du cours est délicieuse, lorsqu'il ne vente pas toutefois; car pour
un étranger le vent est dans certains momens insupportable à
Avignon. Les gens du pays s'en accommodent plus patiemment: sans ce
vent fréquent, disent-ils, l'humidité rendrait la contrée
malsaine. Un proverbe dit: Avignon venteuse, sans vent vénéneuse,
avec vent fastidieuse. Elle commerce des produits de son riche
terroir, et possède des fonderies importantes de fer et de cuivre,
et des manufactures d'étoffes de soie.
" Quel voyageur pourrait passer à Avignon sans visiter la
fontaine de Vaucluse, où l'on arrive après six heures de marche?
C'est là que Pétrarque se plut à rêver. Assez d'auteurs ont
donné de ce lieu une description poétique; je me bornerai moi au
simple positif. Un antre obscur, dans lequel on peut entrer lorsque
l'eau est basse, se subdivise en deux cavernes, l'une d'environ 100
pieds d'élévation, et l'autre seulement de 20, sur une centaine de
pieds de largeur et de profondeur. Là sourdit sans jet et sans
bouillonnemens, et dans un bassin ovale d'environ 18 toises de
diamètre, la source abondante de la rivière de Sorgues, qui porte
bateau presque en sortant du rocher. Cette eau, puisée à la
fontaine, est pesante et indigeste. Elle a, dit-on, des propriétés
excellentes pour la tannerie et la teinture.
" Vous devez aussi une visite à la ville de
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