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  CONCLUSION  
  

L' OEUVRE  DE LA FRANCE EN ALGÉRIE

Nous nous sommes heurtés, dans l'accomplissement de cette oeuvre, à des difficultés formidables, qu'il ne faut pas sous-estimer. Les unes tenaient à la nature même du pays : accidenté, morcelé, de parcours difficile, soumis à un climat tour à tour torride et glacé, à des pluies tantôt trop rares et tantôt surabondantes. Les autres provenaient des hommes, montagnards indomptables comme les Kabyles ou nomades insaisissables comme les Sahariens, tous belliqueux, farouches, auxquels l'islam non moins que leur propre tempérament faisait un devoir de lutter jusqu'à la mort contre le chrétien et contre l'étranger. Enfin d'autres difficultés et non les moins graves dérivaient de nos révolutions intérieures, de nos changements de méthode et pour tout dire de notre inexpérience coloniale : la France a finalement triomphé de tout cela.
 

LE BILAN SCIENTIFIQUE

Pour bien administrer l'Algérie et la mettre en valeur, il fallait d'abord connaître le pays et ses habitants, dont nous ignorions tout en 1830. Notre bilan scientifique est considérable. Dès 1839, une exploration scientifique de l'Algérie fut entreprise par ordre du gouvernement. La commission chargée de cette exploration comprit vingt membres, dont huit désignés par l'Académie des Sciences et cinq choisis par l'Académie des Inscriptions; parmi eux figuraient Bory de Saint-Vincent, Berbrugger, Carette, Delamare, Enfantin, Pellissier, Ravoisié, Renou ; les travaux qu'elle publia formèrent un ensemble des plus considérables. A une époque plus récente, les Écoles supérieures d'Alger, fondées par Paul Bert en 1879 et devenues l'Université d'Alger en 1909, ont produit des ouvrages de la plus haute valeur. Des travaux innombrables, qui remplissent des bibliothèques entières et dont quelques-uns sont de premier ordre, sont dus à des officiers, à des administrateurs, à des hommes de toutes professions et de toutes origines, qui se sont passionnés pour cette terre où tant de problèmes nouveaux s'offraient à notre curiosité. La géologie a été étudiée par Pomel, Ficheur et leurs élèves; le climat par Thévenet ; la flore par Battandier, Trabut, Maire; la géographie, en particulier celle du Sahara, par Gautier, Chudeau ; l'agronomie par Hardy, Rivière, Lecq, Marès, Couput, Vivet, Ducellier ; des recherches de première importance sur les maladies spéciales à l'Algérie, en particulier sur la malaria, ont été faites par Laveran, Maillot, Sergent, Folley. Un biologiste tout à fait éminent, connu dans le monde entier par ses découvertes sur les infusoires, Émile Maupas, a vécu et travaillé à Alger. Dans le domaine des sciences morales et politiques, les moeurs et la sociologie indigènes ont été étudiées par Carette, Daumas, Hanoteau, Letourneux, Doutté ; le droit musulman par Morand, Milliot ; la linguistique arabe et berbère par René Basset, Motylinski, William Marçais, le Père de Foucauld.
 
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