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c'est en Algérie que l'homme de
génie auquel nous devons le Maroc, le maréchal Lyautey, a, comme
disait Kléber, " préparé ses facultés ". L'Algérie,
qui comptera bientôt un million d'Européens, est le centre le
plus puissant de l'influence française en Afrique; c'est pour
l'étayer, pour assurer son avenir, que nous nous sommes établis
dans le reste du Maghreb; le Maroc et la Tunisie doivent tenir
grand compte des nécessités algériennes; l'Algérie ne saurait
oublier de son côté que la manière dont elle traitera les
indigènes, la façon dont elle résoudra plus ou moins
heureusement les problèmes multiples qui les concernent, auront
la plus grande influence non seulement sur l'avenir de la Tunisie
et du Maroc, mais sur les sympathies du monde musulman tout
entier.
Ce n'est pas tout. Les Algériens, enfermés entre la
Méditerranée et le Sahara, aspirent à sortir de " l'île
du Maghreb " et à se relier au Soudan à travers le Sahara.
Ils entendent collaborer à la mise en valeur de la boucle du
Niger, y trouver les eaux abondantes qui leur manquent, les terres
cotonnières qui leur font défaut. La nature a opposé de grands
obstacles à ce que l'Algérie devienne la porte de l'Afrique
soudanaise. Mais, tôt ou tard, ces obstacles seront vaincus par
les moyens que la science moderne met à notre disposition,
l'automobile, l'avion, le rail. Ainsi se constituera le grand
empire africain créé par notre ténacité, en dépit des
conditions géographiques qui lui avaient refusé toute cohésion.
De cet empire africain, l'Algérie sera la clef de voûte. Des
perspectives illimitées s'ouvrent ainsi à cette misérable
Régence barbaresque où nos pères ont débarqué en 1830. La
France, qui retrouve dans l'Algérie sa propre image, revivra en
quelque sorte au delà de la Méditerranée. Ainsi elle aura pris
sa large part " du fardeau de l'homme blanc " et rempli
vis-à-vis de l'Afrique sa mission civilisatrice. |
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