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  VUE GÉNÉRALE DE L'ALGÉRIE JUSQU'AU XVI SIÈCLE  
     
  
enfin une multitude d'esclaves. La diversité des conditions sociales, la variété non moins grande des conditions faites aux cités empêchaient qu'une entente fût possible pour une révolte. Les villes étaient d'ailleurs prospères, les cultivateurs des campagnes intéressés au maintien de la paix. Peu à peu les indigènes se romanisèrent. Lorsque Caracalla, en 212, accorda le droit de cité à tous les hommes libres de l'empire, il enregistra un fait acquis plutôt qu'il ne créa une situation nouvelle.
Durant tout le premier siècle, l'effort de pacification des armées romaines s'exerça surtout en Numidie contre les nomades du Sud, tandis qu'à partir de Trajan et d'Hadrien, c'est contre les tribus de Maurétanie qu'elles eurent à lutter. Mais, somme toute, pendant deux siècles entiers, de 40 à 238 de notre ère, l'Afrique romaine jouit d'une paix profonde.

LA MISE EN VALEUR

 
La colonisation romaine s'est effectuée par un triple procédé : introduction de colons, unions entre Romains et indigènes, transformation des indigènes en Romains. Il est probable que, presque partout, c'est ce dernier procédé, que nous appelons l'assimilation, qui l'emporta. Un certain nombre de colonies furent fondées en Afrique par les empereurs, d'abord sur le littoral, puis dans l'intérieur. Mais, au deuxième et au troisième siècle, lorsque s'effectua la romanisation de l'Afrique, Rome et l'Italie souffraient d'une crise de natalité et se dépeuplaient. « Les Romains, dit Gaston Boissier, avaient le sentiment qu'ils pourraient bien arriver à conquérir le monde, mais qu'ils n'étaient pas assez nombreux pour le peupler. » Les Romains et une partie des Berbères eurent une civilisation commune, une langue commune, une religion commune. Les dieux des vaincus furent admis dans le Panthéon romain et les indigènes eux-mêmes acquirent graduellement le droit de vote. Ils se mirent à porter la toge. Beaucoup d'écrivains latins étaient originaires de l'Afrique; le plus célèbre est Apulée, l'auteur de l'Âne d'or, une des productions les plus curieuses de l'antiquité. Le latin populaire se répandit, sans cependant faire oublier complètement le berbère et le punique.
La prospérité matérielle fut très grande. Les centres urbains se multiplièrent; de beaux monuments, temples, marchés, théâtres, amphithéâtres, thermes, arcs de triomphe, châteaux d'eau s'y élevèrent; leurs ruines parsèment aujourd'hui le sol de l'Algérie, surtout dans la province de Constantine. Les places publiques se peuplèrent de statues représentant des divinités, des empereurs, des magistrats municipaux. Tout cela est d'ailleurs d'un art provincial assez peu original et
 
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