Page précédente HISTOIRE DES COLONIES FRANÇAISES - Tome2 - Retour page Table des matières ALGÉRIE - LIVRE PREMIER - CHAP. 1 Page suivante
  VUE GÉNÉRALE DE L'ALGÉRIE JUSQU'AU XVI SIÈCLE  
     
  
Ils entraînèrent les Berbères à leur suite vers l'Orient et leur firent conquérir l'Égypte, comme ils avaient jadis conquis l'Espagne, réalisant la parole prêtée au Prophète d'après laquelle au cinquième siècle de l'hégire le soleil se lèverait du côté de l'Occident. En 973, les Fatimites transportèrent au Caire le centre de leur empire.
Après la mort du mahdi, les révoltes recommencèrent dans le Maghreb, et les Kharedjites, sous la conduite d'Abou-Yezid, dit l'homme à l'âne, vinrent assiéger Mahedia. Ils étaient soutenus par le groupe des Berbères Zenata, nomades des steppes, irrités et jaloux de la suprématie accordée par les Fatimites à leurs rivaux les Ketama et les Sanhadja, qui occupaient le Tell des provinces de Constantine et d'Alger.
Ces querelles éternelles de pasteurs et d'agriculteurs se doublaient du duel qui, au dixième siècle, opposait le khalifat de Cordoue à celui des Fatimites. Quand ces derniers eurent quitté l'Ifrikia pour l'Égypte, ils abandonnèrent le gouvernement du Maghreb aux Sanhadja, dont les chefs se déclarèrent bientôt indépendants. Une de leurs branches régnait à Kairouan ; une autre, celle des Beni-Hammad, s'était établie près de Msila, à la Kalaâ, et dominait une grande partie de l'Algérie actuelle. L'histoire de ces deux dynasties et de leurs luttes avec les princes zénètes qui acceptaient la suzeraineté des Ommiades de Cordoue remplirait tout le onzième siècle, si un autre événement, d'une importance capitale pour les destinées de la Berbérie, ne s'était produit à cette époque.
 

LA DEUXIÈME INVASION ARABE

Les tribus arabes des Hilal et des Soleïm étaient établies à l'origine dans les déserts du Hedjaz. C'étaient des Bédouins pillards qui rançonnaient les caravanes et attaquaient les pèlerins sur la route de la Mecque. Au dixième siècle, les Fatimites les transportèrent en masse dans la Haute-Égypte, sur la rive gauche du Nil. Sur ces entrefaites, le souverain sanhadjien qui régnait à Kairouan répudia la doctrine fatimite et revint à l'orthodoxie. La colère du khalife du Caire fut terrible; pour se venger, il déchaîna sur l'Afrique du Nord les Hilal et les Soleïm : « Je vous fais cadeau, leur dit-il, du Maghreb et du royaume d'El-Moezz le Sanhadjien, vil esclave qui s'est révolté contre son maître. » Il trouvait dans cette opération le double avantage de se débarrasser de ces brigands et de ruiner son vassal infidèle.
Il faut se défier de la tendance des historiens arabes à attribuer les grands événements à des causes fortuites et la migration des Bédouins eut peut-être des causes économiques plus profondes. Quoi qu'il en soit, non seulement les Hilal
 
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