|
Ils entraînèrent les
Berbères à leur suite vers l'Orient et leur firent
conquérir l'Égypte, comme ils avaient jadis conquis
l'Espagne, réalisant la parole prêtée au Prophète
d'après laquelle au cinquième siècle de l'hégire le
soleil se lèverait du côté de l'Occident. En 973, les
Fatimites transportèrent au Caire le centre de leur empire.
Après la mort du mahdi, les révoltes recommencèrent dans
le Maghreb, et les Kharedjites, sous la conduite d'Abou-Yezid,
dit l'homme à l'âne, vinrent assiéger Mahedia. Ils
étaient soutenus par le groupe des Berbères Zenata,
nomades des steppes, irrités et jaloux de la suprématie
accordée par les Fatimites à leurs rivaux les Ketama et
les Sanhadja, qui occupaient le Tell des provinces de
Constantine et d'Alger.
Ces querelles éternelles de pasteurs et d'agriculteurs se
doublaient du duel qui, au dixième siècle, opposait le
khalifat de Cordoue à celui des Fatimites. Quand ces
derniers eurent quitté l'Ifrikia pour l'Égypte, ils
abandonnèrent le gouvernement du Maghreb aux Sanhadja, dont
les chefs se déclarèrent bientôt indépendants. Une de
leurs branches régnait à Kairouan ; une autre, celle des
Beni-Hammad, s'était établie près de Msila, à la Kalaâ,
et dominait une grande partie de l'Algérie actuelle.
L'histoire de ces deux dynasties et de leurs luttes avec les
princes zénètes qui acceptaient la suzeraineté des
Ommiades de Cordoue remplirait tout le onzième siècle, si
un autre événement, d'une importance capitale pour les
destinées de la Berbérie, ne s'était produit à cette
époque. |
|
LA
DEUXIÈME INVASION ARABE |
Les tribus arabes des Hilal et
des Soleïm étaient établies à l'origine dans les
déserts du Hedjaz. C'étaient des Bédouins pillards qui
rançonnaient les caravanes et attaquaient les pèlerins sur
la route de la Mecque. Au dixième siècle, les Fatimites
les transportèrent en masse dans la Haute-Égypte, sur la
rive gauche du Nil. Sur ces entrefaites, le souverain
sanhadjien qui régnait à Kairouan répudia la doctrine
fatimite et revint à l'orthodoxie. La colère du khalife du
Caire fut terrible; pour se venger, il déchaîna sur
l'Afrique du Nord les Hilal et les Soleïm : « Je vous fais
cadeau, leur dit-il, du Maghreb et du royaume d'El-Moezz le
Sanhadjien, vil esclave qui s'est révolté contre son
maître. » Il trouvait dans cette opération le double
avantage de se débarrasser de ces brigands et de ruiner son
vassal infidèle.
Il faut se défier de la tendance des historiens arabes à
attribuer les grands événements à des causes fortuites et
la migration des Bédouins eut peut-être des causes
économiques plus profondes. Quoi qu'il en soit, non
seulement les Hilal |
|
|