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et les Soleïm, mais toutes
sortes de nomades émigrèrent en masse vers l'Ifrikia, qui
fut naturellement la première à porter le poids de
l'invasion. Moins de dix ans après l'apparition des
premières bandes, les Arabes étaient maîtres des plaines
et paralysaient presque toute la vie économique; à la fin
du onzième siècle, le fléau gagnait la région des
Beni-Hammad, dont les souverains émigrèrent à Bougie. Il
ne s'agissait plus de petites armées régulières comme les
troupes syriennes du septième et du huitième siècle;
c'étaient des émigrants qui arrivaient avec leurs femmes,
leurs enfants, leurs troupeaux de moutons et de chameaux. «
Les premiers conquérants musulmans, dit Ibn-Khaldoun, ne
s'établirent point au Maghreb
comme habitants des tentes; pour rester maîtres du pays,
ils durent demeurer dans les villes. Ce ne fut qu'au milieu
du cinquième siècle de l'hégire que les Arabes nomades
s'y dispersèrent par tribus et vinrent camper dans toutes
les parties de cette vaste région. » |
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Vers 1100, l'invasion
proprement dite est à peu près terminée, mais le
mouvement se continue au moins jusqu'au quatorzième
siècle. Ibn-Khaldoun compare ces Arabes de la deuxième
invasion à des loups affamés, à des sauterelles
dévorantes et un chapitre de ses Prolégomènes est
intitulé : « Tout pays conquis par les Arabes est un pays
ruiné. » Les jardins, les vergers, les champs bien
cultivés se changèrent en terrains de parcours; ils
apportaient le désert avec eux. « Ils pénétrèrent
partout, dit Masqueray, excepté dans les gorges des hautes
montagnes, poussèrent dans toutes les plaines dévastées
leurs troupeaux de moutons et de chameaux, empêchèrent le
commerce, ruinèrent l'industrie, firent enfin de la majeure
partie de l'Afrique du Nord la terre pauvre et nue que nous
avons comme découverte en ce siècle avec une sorte
d'horreur. » Les Berbères furent déplacés, bouleversés; |
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