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les Beni-Hammad, souverains de
la Kalaâ, se transportèrent à Bougie, moins accessible
aux nomades; beaucoup d'indigènes s'enfuirent dans le
Sahara ou dans les montagnes, désertant les régions trop
exposées aux dévastations; d'autres passèrent ou
revinrent à la vie pastorale, préférant profiter du
pillage que de le subir. Les dynasties berbères prirent les
Arabes à leur solde, les chargèrent des opérations de
police et de la collecte des impôts, leur accordèrent des
concessions de terres. Les groupes arabes et berbères se
superposèrent, se juxtaposèrent, se mélangèrent et de
ces mélanges se formèrent des tribus nouvelles,
constituées par des éléments divers, auxquelles il est
d'autant plus difficile d'assigner une origine exacte que,
par vanité, elles se sont forgé des généalogies qui les
rattachent aux conquérants. Il est impossible d'ailleurs de
connaître le nombre exact des envahisseurs, mais il est
certain que les Berbères, même dans les régions où ils
ont oublié leur langue pour apprendre l'arabe, ont gardé
une énorme supériorité numérique. |
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LES ALMORAVIDES |
Pendant que les Arabes nomades
venus de l'Orient envahissaient l'Afrique du Nord, un grand
empire berbère, celui des Almoravides, s'élevait à
l'autre extrémité du Maghreb. Il fut fondé par des
Sanhadja, qu'on appelait les Molathemin, les voilés, parce
qu'ils portaient, comme le font aujourd'hui les Touaregs, un
voile qui leur cachait le visage; ces indigènes, qui
vivaient dans le Sahara entre le Sénégal et l'Atlas,
convertis à l'Islam au neuvième siècle, commencèrent à
faire la guerre sainte contre les noirs du Soudan, puis
entreprirent la conquête du Maroc. On appelait ces
guerriers, pleins de l'ardeur des nouveaux convertis, les
Moudjahidin, c'est-à-dire les combattants de la guerre
sainte, ou les Morabitin, parce qu'ils habitaient des ribat,
sortes de couvents fortifiés. De ce mot de Morabitin
dérivent à la fois le mot Almoravides et le mot marabout.
Le véritable fondateur de l'empire almoravide est
Youssef-ben-Tachfin, Berbère saharien de la tribu des
Lemtouna ; c'était un homme austère et profondément
religieux, simple dans sa mise, ne se nourrissant que d'orge
et de lait de chamelle. Il fonda Marrakech, dont il fit sa
capitale; de 1064 à 1069, il soumit tout le Maroc et
s'empara de Fès. Puis il marcha à la conquête du Maghreb
central; en 1082, il était maître de Tlemcen, dont il fit
un des boulevards de son empire; tout le pays qui s'étend
jusqu'à Alger reconnut son autorité. En 1084, il passa en
Espagne, appelé par ses coreligionnaires et triompha des
chrétiens de la péninsule. Lorsqu'il mourut en 1106, âgé
de cent ans, il laissait à ses successeurs un empire qui
s'étendait du Sénégal à l'Ebre et de l'Atlantique à la
Mitidja. |
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