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Les Almoravides barbares et
incultes ne devaient pas tarder à se laisser gagner par la
civilisation andalouse. Ils furent les agents de liaison
entre l'Afrique, riche de force combattante, et l'Espagne,
riche de traditions et de culture. Les grandes mosquées de
Tlemcen et d'Alger sont des constructions almoravides.
Grâce aux conquérants sahariens, l'art andalou s'imposa à
toute la partie occidentale de la Berbérie. Le Maghreb
envoie ses contingents pour la guerre sainte, l'Espagne ses
ouvriers et ses formules d'art. « Si l'Espagne, dit très
justement G. Marçais, est une dépendance politique du
Maghreb, le Maghreb est une province intellectuelle de
l'Espagne. |
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LES
ALMOHADES |
L'empire des Almoravides dura
peu et se désagrégea en moins d'un demi siècle. Bientôt
une autre puissance religieuse s'élève au Maroc; aux
Berbères du Sahara succèdent les Berbères de l'Atlas. Un
nouveau mahdi, Ibn-Toumert, surgit dans les montagnes au Sud
de Marrakech; ses partisans s'appelaient El-Mouahidin, les
Almohades ou unitaires, signifiant par là que les
Almoravides étaient tombés dans le polythéisme.
IbnToumert se posait en réformateur des mœurs et
dénonçait le luxe de la cour de Marrakech. Il eut pour
successeur son disciple et confident Abd-el-Moumen, fils
d'un potier des environs de Nedroma qui appartenait à la
tribu des Koumïa. Abd-el-Moumen parait avoir été un homme
de premier ordre, d'une remarquable intelligence. Il conquit
le Maroc et l'Espagne, puis pénétra en Algérie en 1145;
il s'y heurtait à l'empire des Almoravides, à celui des
Hammadites de Bougie et à la puissance non moins sérieuse
des Arabes hilaliens ; il vint à bout de tous les trois;
une bataille décisive contre le sultan almoravide eut lieu
près de Tlemcen ; la chute du royaume hammadite se
produisit sept ans après, puis les Arabes hilaliens furent
vaincus dans la plaine de Sétif. Abd-el-Moumen s'empara
ensuite de l'Ifrikia, de la Tripolitaine et du pays de Barka
; il avait fondé le plus grand empire musulman d'Occident
qui eût jamais existé. De Tanger à Tripoli, dans toutes
les mosquées, on disait la prière en son nom. Il avait
créé une armée fortement organisée, où les milices
chrétiennes de Francs et d'Espagnols combattaient à
côté des Marocains et des Soudanais. On ne saurait le
comparer qu'à Charlemagne; comme lui justicier, il ne
s'empare de l'Afrique septentrionale tout entière que pour
y faire régner l'ordre. Organisateur en même temps que
chef de guerre, il renouvelle les opérations cadastrales de
l'empire romain en faisant arpenter tout son empire. «
C'est, dit G. Marçais, la plus grande figure du Moyen Age
berbère. » |
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