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Son fils Abou-Yacoub-Youssef
(1163-1184) fut aussi un grand souverain, malgré les
difficultés sans nombre auxquelles il eut à faire face,
notamment les révoltes des Almoravides et les dévastations
des Arabes, qui portèrent des coups terribles à la
puissance qu'avait échafaudée Abd-el-Moumen, préparant la
chute et le morcellement de son empire. Yacoub-el-Mansour
(1184-1198) fut un grand bâtisseur; il orna l'Espagne et le
Maroc de monuments qui restent parmi les plus belles
manifestations de l'architecture musulmane en Occident.
Après lui, la décadence commence; en Espagne, la
reconquista s'affirme par la victoire des chrétiens à
Las-Navas-de-Tolosa (1210); les gouverneurs de provinces se
rendent indépendants. Les tribus se soulèvent; les
Beni-Merin, Berbères nomades du Sahara, remontent vers le
Nord par la vallée de la Moulouya.
Ainsi, toujours la même histoire se renouvelle. Du Sahara
ou de l'Atlas sort une tribu ou un groupe des tribus mues
par l'enthousiasme religieux et la passion de la guerre
sainte. D'autres tribus, désireuses de s'établir dans des
régions plus fertiles, se joignent à la première pour
submerger les plaines et piller les villes. Mais bientôt
ces barbares se civilisent et s'amollissent; leur
enthousiasme tombe, leur unité se rompt et un nouvel empire
s'élève au détriment des précédents dominateurs, dont
les débris sont repoussés dans le désert ou dans les
montagnes. |
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L'ALGÉRIE
DU TREIZIÈME AU SEIZIÈME SIÈCLE |
L'empire fondé par
Abd-el-Moumen était trop grand; son extension démesurée
hâta sa ruine. Ses maîtres, à la fois africains et
espagnols, durent immobiliser des forces importantes dans la
péninsule ibérique et dégarnir leur domaine berbère.
C'est dans la première moitié du treizième siècle que se
produisit la dislocation. Trois royaumes se fondèrent sur
les ruines de l'empire almohade : celui des Hafsides de
Tunis, celui des Abd-el-Ouadites ou Zeiyanites de Tlemcen,
celui des Mérinides de Fès. De ces trois royaumes, le plus
important était celui de l'Est; il s'étendait depuis le
pays de Barka jusqu'au delà de Sétif et de Bougie; la
Tunisie conserva quelque chose de l'organisation élaborée
par le Mahdi et par ses compagnons et les sultans hafsides
demeurèrent jusqu'à la fin du Moyen Age les chefs
religieux de l'Islam orthodoxe en Occident. Le royaume de
Tlemcen avec le Maghreb central devint la proie des
Abd-el-Ouadites, Zénètes nomades venus du Djebel-Amour ;
enfin d'autres Zénètes, les Beni-Merin, s'installèrent à
Fès, puis à Marrakech. A l'Algérie actuelle correspondait
donc tout l'État zeiyanite et une partie de l'État
hafside. Tlemcen, où l'on vénérait le tombeau d'un grand
saint musulman, Sidi-bou-Medine, eut ses jours de splendeur;
elle compta, dit-on, |
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