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  VUE GÉNÉRALE DE L'ALGÉRIE JUSQU'AU XVI SIÈCLE  
     
   jusqu'à 125 000 habitants; l'historien Ibn-Khaldoun, né à Tunis, vante les édifices que firent élever, dans son admirable site, les souverains zeiyanites. On y cultivait les sciences musulmanes et des théologiens illustres enseignaient dans ses médersas. Elle s'enrichit par le commerce, en particulier par le commerce transsaharien; des caravanes en partaient vers le Tafilelt et le pays des noirs; elle avait aussi un mouvement d'échanges très actif avec l'Europe.
La dynastie zeiyanite compta quelques souverains glorieux. Mais son fondateur, l'émir Yaghmoracen, connut déjà les dangers qui devaient rendre si difficile la tâche de ses successeurs, menacés à la fois par les Hafsides de Tunis et par les Mérinides de Fès. A maintes reprises, Tlemcen vit les armées mérinides camper sous ses murs. En 1299 commença un siège qui dura plus de huit ans, de sorte que les piquets des tentes avaient, dit-on, pris racine et étaient devenus des arbres; le camp du roi de Fès, pourvu d'une muraille, devint une véritable ville, appelée Mansoura. Tlemcen ne succomba pas cette fois, mais elle fut prise d'assaut et livrée au pillage une vingtaine d'années plus tard, en 1337, par le Mérinide Aboul­Hassan, qui essaya vainement de reconstituer le grand empire d'Abd-el-Moumen.
Au début du quinzième siècle, le royaume fondé par Yaghmoracen, après des péripéties dont le détail n'importe guère, n'est plus qu'un État vassal auquel tantôt Fès, tantôt Tunis imposent des princes de leur choix. Entre Tlemcen et Fès surtout, jamais un équilibre stable ne parvint à s'établir et les deux royaumes furent perpétuellement en lutte; jamais d'ailleurs les souverains musulmans ne réussirent à établir solidement leur autorité sur les territoires qui reconnaissaient plus ou moins leur suzeraineté; il n'y eut pas entre eux de véritables frontières. A leurs querelles dynastiques s'ajoutaient les ravages des tribus hilaliennes ;traînées dans de lointaines campagnes à la solde des princes, déportées par mesure politique, fractionnées à l'infini, elles se fondent peu à peu dans l'élément indigène.
Pendant cette période aussi s'élabore la renaissance de l'Islam, qui se manifeste au seizième siècle par une extraordinaire floraison de marabouts et de confréries religieuses et par l'avènement des dynasties chérifiennes au Maroc : événement très important, mais dont il est difficile, faute de documents, de reconstituer la marche et le processus détaillé. L'Islam africain prend désormais vis-à-vis de la chrétienté une attitude agressive qu'il n'avait pas eue au Moyen Age.
En résumé, non seulement la société musulmane du Maghreb n'évolua pas vers un ou plusieurs États centralisés, mais elle tomba dans une décadence et une désorganisation de plus en plus profonde. Lorsque commence le seizième siècle, la Berbérie n'est plus qu'une expression géographique.
 
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