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  VUE GÉNÉRALE DE L'ALGÉRIE JUSQU'AU XVI SIÈCLE  
     
   beaucoup plus continental ; les différences de température s'accentuent entre l'été et l'hiver, entre le jour et la nuit; le froid est rigoureux, la neige fréquente. On a mis longtemps à s'apercevoir que l'Algérie intérieure n'est pas un pays chaud; l'échec de certaines opérations militaires, notamment de l'expédition de Constantine, est en grande partie imputable à la saison dans laquelle elles furent entreprises.
L'Algérie se compose de compartiments de valeur très inégale, entre lesquels, au lieu des fines nuances et des transitions insensibles qu'on observe en France, les contrastes sont brusques et violents : contrastes entre le Nord et le Sud, entre l'Ouest et l'Est, entre les montagnes et les plaines, entre les forêts et les steppes. Le pays apparaît voué par la nature au morcellement politique, à la vie de tribu. Il n'y a point de centre naturel, de convergences de vallées comme en France dans la région de Paris. L'histoire de la conquête et la marche de la colonisation, on le verra, reflètent nettement ce caractère.

L'Algérie, lorsque les Français y arrivèrent en 1830, n'était pas vide ou à peu près vide d'habitants, comme l'Australie, le Canada, l'Argentine au moment où les Européens s'y établirent. Les indigènes, qui se sont si bien développés sous la domination française qu'ils sont aujourd'hui plus de 5 millions, étaient alors au nombre de 2 millions environ. A l'époque de la conquête, on les appelait les Arabes, ce qui était une erreur. Beaucoup d'entre eux parlent arabe, mais non pas tous; un quart environ, notamment les habitants de la Kabylie, de l'Aurès, du Mzab, du Sahara central, parlent les vieux dialectes berbères, qui appartiennent au groupe des langues dites hamitiques ou protosémitiques, parentes du copte et de certains dialectes de la Nubie et de l'Abyssinie. Au point de vue anthropologique, les indigènes algériens, même ceux qui ont désappris leur vieille langue pour apprendre l'arabe, n'ont rien de commun avec les populations de l'Arabie; les envahisseurs venus d'Asie n'ont pas imposé leur type à la masse. C'est au contraire cette masse qui leur a imposé le sien. Il n'y a donc pas d'Arabes en Algérie, il n'y a que des Berbères plus ou moins arabisés. Les Berbères pris en bloc se rattacheraient, d'après les anthropologistes, à une race dite hamitique, qui occuperait tout le Nord de l'Afrique, représentée par des groupes importants au cœur du continent africain et dans tout le Sud de l'Europe. Mais, pas plus qu'ailleurs, moins qu'ailleurs peut-être, on ne trouve en Algérie de races pures. Parmi les Algériens, on rencontre des populations à tête allongée (dolichocéphales) et des populations à tête ronde (brachycéphales), des hommes de petite taille et d'autres de haute stature, des bruns et des blonds. Le type le plus

 
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