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et tentèrent de le ramener à
Majorque; mais il expira pendant la traversée. C'est
également aux Baléares que vécut pendant un siècle une
remarquable dynastie de cartographes juifs ou camouflés en
chrétiens; l'un d'eux, Abraham Cresques, est l'auteur de la
belle carte de Charles V, dite carte Catalane, de 1375, qui
est le plus remarquable des documents cartographiques du Moyen
Age. Des relations assez actives se nouèrent entre l'Europe
et le Sahara par l'intermédiaire des Juifs espagnols et de
leurs coreligionnaires de la Berbérie établis à Sidjilmassa
et au Touat.
A partir du milieu du quatorzième siècle, le commerce de la
Barbarie est en décadence. Les Français du Midi, devenus
sujets du comte de Provence ou du roi de France, sont
entraînés dans les désastres de la guerre de Cent ans. Les
ports du Languedoc s'ensablent de plus en plus. Au Maghreb,
l'anarchie et la piraterie vont croissant, les musulmans se
font de moins en moins accueillants, les juifs sont
persécutés et massacrés des deux côtés de la
Méditerranée. Il y eut cependant des tentatives de reprise
au quinzième siècle. Jacques Cœur travailla à réveiller
l'activité des ports français de la Méditerranée; le
centre de ses affaires fut d'abord à Montpellier, puis à
Marseille; bien que ses opérations commerciales se soient
effectuées surtout dans le Levant, il ne négligea sans doute
pas la Barbarie. La cessation de la longue lutte des Angevins
et des Aragonais pour la couronne de Naples, qui avait été
si funeste à la Provence, permit à Marseille d'inaugurer son
rôle moderne de grand port français. Louis XI, lorsqu'il eut
hérité du roi René, en fit part au roi de Tunis et lui
exprima le désir de voir continuer les bons rapports qui
existaient avec son oncle (1482). Mais de nouveaux obstacles
allaient surgir et l'Afrique barbaresque dans son ensemble fut
beaucoup moins accessible à partir du treizième siècle au
commerce régulier qu'elle ne l'avait été pendant le Moyen
Age. |
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II |
LES
CONCESSIONS D'AFRIQUE ET LA COMPAGNIE DU CORAIL |
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Au seizième siècle, la
décadence de Narbonne et de Montpellier donna à Marseille un
monopole qu'elle n'avait pas eu jusque-là. Mais, d'un autre
côté, les Marseillais eurent désormais à se défendre
contre des concurrents étrangers de plus en plus nombreux,
qui vinrent disputer le trafic méditerranéen aux vieilles
cités qui l'avaient si longtemps détenu. Anglais,
Hollandais, Danois, Suédois, |
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