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  Les relations de la France avec l'Algérie avant 1830.  
     
   furent des rivaux dangereux et envahissants, en face desquels les Italiens, les Vénitiens, les Génois, les Florentins ne surent pas conserver leurs anciennes positions. Cependant Marseille, en butte aux attaques et souvent aux coalitions de tous ces adversaires, maintint pendant trois siècles la prépondérance du commerce et du nom français dans toute la Berbérie.
 
L'établissement des Turcs marque le début d'une période nouvelle, aussi bien dans l'Afrique du Nord que dans le Levant. En même temps que l'alliance franco-turque de 1535, une alliance franco-algérienne fut conclue, moins connue mais non moins utile. Il semble même que Barberousse servit d'intermédiaire entre Soliman et François Ier et contribua au succès de la négociation qui aboutit à la signature des Capitulations si favorables au commerce français. Pendant l'époque des beylierbeys, les relations de la Régence avec la France furent cordiales et les galères barbaresques purent venir se ravitailler à Marseille.
Un des résultats les plus féconds de l'alliance avec la Porte et les Algériens fut pour la France l'octroi de privilèges sur la côte d'Afrique, en particulier du droit d'y faire les établissements désignés plus tard sous le nom de Concessions d'Afrique.
Les débuts de ces établissements sont enveloppés d'obscurité. On a cherché à reculer leur origine très loin dans le passé. Cependant il n'y est fait aucune allusion ni dans la lettre de Louis XI, ni dans les capitulations de 1535. En 1550, lorsque Nicolas de Nicolay, géographe du roi, chargé d'accompagner à Constantinople l'ambassadeur d'Aramon, visita la côte africaine d'Alger à Bône, il n'y trouva que des Génois et une seule nef provençale, conduite par un patron corse, qui offrit en présent à M. d'Aramon quelques belles branches de corail. En 1543, les Lomellini de Gênes s'étaient fait donner l'île de Tabarka et les pêcheries qui en dépendaient comme complément de la rançon de Dragut, qui s'était laissé surprendre par André Doria sur les côtes de la Corse. Cette acquisition valut aux Génois dans ces parages une situation prépondérante; ils fortifièrent Tabarka et en firent une place de refuge et un entrepôt.
 
Le rôle considérable joué par la pêche du corail dans nos relations avec la Berbérie, l'âpreté avec laquelle Français et Italiens se la disputèrent, le titre de Compagnies du Corail longtemps porté par les Compagnies de commerce marseillaises établies en Algérie, paraissent incompréhensibles aujourd'hui que le commerce de cette substance a perdu la plus grande partie de son importance. Mais, pendant des siècles, le corail compta parmi les articles essentiels du grand commerce. Sa destinée, comme l'a remarqué M. Paul Masson, n'est pas sans analogie avec celle
 
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