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et dont les chefs s'unissaient par des mariages avec les membres de
l'aristocratie punique.
Les Carthaginois n'avaient ni l'art ni le désir d'inspirer
l'affection. Leur empire ne reposait que sur la force et était haï
de tous les peuples sujets. C'étaient des marchands très âpres au
gain; peu militaires, ils ne pouvaient guère compter sur leur
armée de mercenaires prompts à la révolte, où se coudoyaient
toutes les races; ils exploitaient les indigènes avec beaucoup de
dureté et les guerres puniques furent pour ces derniers une
occasion de se venger d'une longue oppression.
La possession de la Sicile aurait donné aux Carthaginois la
maîtrise de la Méditerranée occidentale; ils la disputèrent aux
Grecs, puis entrèrent en lutte à son propos avec les Romains qui
les en chassèrent; ce fut la première. guerre punique, début d'un
conflit qui dura un peu plus d'un siècle (264 à 146 av. J.-C.) et
aboutit à la destruction de Carthage. Dans la seconde guerre
punique, les Carthaginois conquirent l'Espagne avec Hamilcar et
menacèrent Rome elle-même avec Hannibal. « Aucun homme de guerre,
dit S. Gsell, sauf Napoléon, n'a été plus favorisé de dons qui
souvent s'excluent : l'imagination, le jugement et la volonté. »
Il lança contre Rome les Berbères, les Espagnols, les Gaulois;
mais son génie ne put compenser l'infériorité militaire de
Carthage. Scipion à son tour porta la guerre en Afrique et Carthage
menacée rappela Hannibal, qui fut vaincu à la bataille de Zama
(201 av. J.-C.). La troisième guerre punique amena la destruction
de Carthage (146 av. J.-C). Les Berbères et leurs rois, tour à
tour alliés de Carthage ou de Rome selon leurs caprices et leurs
intérêts, jouèrent un grand rôle dans ces luttes. Massinissa
surtout, qui vécut près de quatre-vingt-dix ans et garda jusqu'à
l'âge le plus avancé une extraordinaire vigueur, fut le principal
instrument de la politique romaine en Afrique; il s'efforça de
civiliser ses sujets, de les fixer au sol et de leur apprendre
l'agriculture.
Les Carthaginois étaient pour les indigènes des étrangers
antipathiques, perfides et cruels. Cependant, pendant les sept
siècles que dura leur domination, ils mirent partout leur forte
empreinte et exercèrent une grande influence. Le punique, langue
sémitique voisine de l'hébreu, était la langue officielle des
rois numides, comme en témoignent leurs monnaies; il se conserva
longtemps en Algérie et on le parlait encore à Hippone au temps de
saint Augustin. Peut-être, comme le croit Renan, la facilité avec
laquelle l'arabe prit possession de ces contrées et la disparition
complète du latin sont-elles dues à ce que beaucoup d'indigènes
parlaient le punique. Les Carthaginois apprirent aux Africains à
fabriquer le vin et l'huile et à exploiter
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