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Tout était morne et silencieux
sur le passage du cortège. " Quelques cris évidemment
achetés, dit d'Haussez, firent seuls les frais de la joie
publique. " Le roi en fut très affecté.
L'expédition d'Alger avait été bien préparée et bien
conduite. Le débarquement était l'opération difficile. Dès
l'instant qu'il s'était effectué dans de bonnes conditions,
la partie était gagnée et l'armée ne devait pas rencontrer
beaucoup de résistance. " Jeter avec succès, dit
Raynal, une armée de 40 000 hommes sur un point de la côte
rapproché d'Alger; obtenir des vents le temps de débarquer
le matériel nécessaire à cette armée, tel était le
problème que la fortune se chargea de résoudre.
L'inexpérience de l'ennemi et la bravoure de nos troupes
firent le reste. "
Par l'occupation d'Alger, la France donnait une base solide à
sa politique coloniale dans la Méditerranée ; elle devenait
prépondérante dans le bassin occidental de cette mer et
portait une atteinte grave à l'omnipotence de Gibraltar et de
Malte; elle plantait le premier jalon de son futur empire
africain.
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II |
ALGER JUSQU'AU
DÉPART DE BOURMONT ( 5 JUILLET - 2 SEPTEMBRE 1830 ) |
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Quoique la prise d'Alger n'ait
pas eu un caractère purement accidentel, on ne savait trop ce
que l'on ferait de la nouvelle conquête. On ignorait presque
tout du pays, de son gouvernement, de ses habitants. Le petit
manuel distribué aux officiers au moment du départ de
l'expédition, intitulé : Aperçu historique, statistique et
topographique sur l'État d'Alger, montre que, sauf sur Alger
et ses ouvrages fortifiés, on ne savait rien de précis. Le
gouvernement de la Restauration n'eut d'ailleurs pas beaucoup
de temps pour prendre parti, puisque la nouvelle de la
capitulation d'Alger ne parvint à Paris que le 9 juillet et
qu'à la fin du mois, la vieille monarchie avait cessé
d'exister.
Il n'y avait en France qu'une très faible minorité qui eût
l'audace de vouloir faire de l'Algérie une terre française.
Jusque dans le ministère, notre occupation rencontrait une
vive résistance et le dauphin lui était très hostile. On
arguait que la France n'entendait rien à la colonisation et
ne tirerait jamais aucun parti de la Régence. Quant à
l'opposition, après avoir combattu l'expédition d'Alger,
elle soutint bientôt au contraire la nécessité du maintien
de l'occupation : « Supposez, disait le Journal des Débats,
un ministère qui n'eût aucune difficulté intérieure, la
question diplomatique est simple. Nous gardons Alger parce que
nous |
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