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  LES DÉBUTS ET LES HÉSITATIONS (1830-1834).  
     
  
Tout était morne et silencieux sur le passage du cortège. " Quelques cris évidemment achetés, dit d'Haussez, firent seuls les frais de la joie publique. " Le roi en fut très affecté.
L'expédition d'Alger avait été bien préparée et bien conduite. Le débarquement était l'opération difficile. Dès l'instant qu'il s'était effectué dans de bonnes conditions, la partie était gagnée et l'armée ne devait pas rencontrer beaucoup de résistance. " Jeter avec succès, dit Raynal, une armée de 40 000 hommes sur un point de la côte rapproché d'Alger; obtenir des vents le temps de débarquer le matériel nécessaire à cette armée, tel était le problème que la fortune se chargea de résoudre. L'inexpérience de l'ennemi et la bravoure de nos troupes firent le reste. "
Par l'occupation d'Alger, la France donnait une base solide à sa politique coloniale dans la Méditerranée ; elle devenait prépondérante dans le bassin occidental de cette mer et portait une atteinte grave à l'omnipotence de Gibraltar et de Malte; elle plantait le premier jalon de son futur empire africain.
 

II

ALGER JUSQU'AU DÉPART DE BOURMONT ( 5 JUILLET - 2 SEPTEMBRE 1830 )

 
Quoique la prise d'Alger n'ait pas eu un caractère purement accidentel, on ne savait trop ce que l'on ferait de la nouvelle conquête. On ignorait presque tout du pays, de son gouvernement, de ses habitants. Le petit manuel distribué aux officiers au moment du départ de l'expédition, intitulé : Aperçu historique, statistique et topographique sur l'État d'Alger, montre que, sauf sur Alger et ses ouvrages fortifiés, on ne savait rien de précis. Le gouvernement de la Restauration n'eut d'ailleurs pas beaucoup de temps pour prendre parti, puisque la nouvelle de la capitulation d'Alger ne parvint à Paris que le 9 juillet et qu'à la fin du mois, la vieille monarchie avait cessé d'exister.
Il n'y avait en France qu'une très faible minorité qui eût l'audace de vouloir faire de l'Algérie une terre française. Jusque dans le ministère, notre occupation rencontrait une vive résistance et le dauphin lui était très hostile. On arguait que la France n'entendait rien à la colonisation et ne tirerait jamais aucun parti de la Régence. Quant à l'opposition, après avoir combattu l'expédition d'Alger, elle soutint bientôt au contraire la nécessité du maintien de l'occupation : « Supposez, disait le Journal des Débats, un ministère qui n'eût aucune difficulté intérieure, la question diplomatique est simple. Nous gardons Alger parce que nous
 
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