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La nouvelle de la prise d'Alger
fut apportée à Toulon par le bateau à vapeur le Sphinx;
transmise par le télégraphe, elle arriva le 9 juillet à
Paris. La dépêche fut remise au baron d'Haussez, qui sauta
à cheval et galopa sur la route de Saint-Cloud. En arrivant
au château, il aperçut de loin le vieux roi qui se promenait
avec la duchesse d'Angoulême au travers de ces futaies
magnifiques qu'il devait peu de jours après quitter en
fugitif sous les huées de la populace : " Sire, cria
d'Haussez, Alger est à nous ! " Une vive rougeur colora
les traits pâles et fatigués du roi : " On s'embrasse
en un pareil jour, " dit-il, et il donna à d'Haussez une
chaleureuse accolade.
Le bâton de maréchal de France fut donné au commandant en
chef de l'expédition et la dignité de pair de France à
l'amiral Duperré. Il y eut quelque enthousiasme dans le Midi,
qui était en relations constantes avec Alger et qui souffrait
de la piraterie, mais, dans le reste de la France, la chute
d'Alger éveilla peu d'écho et n'arrêta pas l'orage qui
montait contre la monarchie: " Oui, Alger est vaincu,
écrivait le Journal des Débats, mais non pas la charte.
Elles vivent et elles sont debout, ces lois qui défendent de
faire la guerre sans crédits votés régulièrement, ces lois
qui condamnent les ministres qui dépensent l'argent du peuple
sans autorisation. La victoire est au Roi, à l'armée, à la
France, mais la faute est aux ministres et le droit d'accuser
et de punir aux Chambres. Chacun aura ce qui lui est dû, nos
soldats leur gloire, les ministres leur punition. "
Le dimanche 11 juillet, le roi se rendit à Notre-Dame pour
assister à un Te Deum. |
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