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Sur le principe même du maintien de l'occupation, la majorité dans
le Parlement était résignée plutôt que convaincue. Lors de la
discussion du budget de 1835, MM. de Sade, Hippolyte Passy,
Desjobert renouvelèrent leurs attaques contre l'Algérie, à quoi
un député plus clairvoyant, M. Sémerie, répondit : "On
vient encore attaquer Alger, on vient dire qu'il est impossible d'en
rien faire. L'impossibilité, savez-vous où elle est? Elle est ici,
dans cette Chambre; elle n'est pas en Afrique, mais à Paris. "
Le 20 mai 1835, dans un discours mémorable, Guizot se prononça
énergiquement : " Le premier élément de la puissance d'un
pays, dit-il, c'est la considération, c'est l'opinion que se forme
le monde de sa fermeté, de son courage, de sa résolution.
L'abandon d'Alger serait un affaiblissement notable de la
considération et de la puissance morale de la France. L'importance
croissante de la Méditerranée commande à la France de faire de
nouveaux efforts pour conserver son rang, de ne rien faire surtout
qui puisse affaiblir sa puissance et sa considération sur mer. La
France a conquis la Régence d'Alger, la France gardera sa
conquête. " Jamais, depuis 1830, un langage aussi favorable à
l'Algérie n'avait été tenu par un ministre.
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Comme on n'avait le courage ni de répudier la conquête, ni de
faire les sacrifices nécessaires pour en tirer parti, on s'efforça
de restreindre autant que possible l'occupation et de réduire les
effectifs; ils avaient atteint 31 000 hommes en 1834; on parla, sans
y parvenir d'ailleurs, de les ramener à 23 000 ou même à 21 000
hommes en 1835. En fait, ils allèrent en augmentant, atteignant 42
000 hommes en 1837, 48 000 en 1838. Mais ces augmentations étaient
toujours accordées trop tardivement, lorsque des échecs militaires
les avaient rendues indispensables.
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