Page précédente HISTOIRE DES COLONIES FRANÇAISES - Tome2 - Retour page Table des matières ALGÉRIE - LIVRE II  - CHAP. II Page suivante
  L' OCCUPATION RESTREINTE (1834-1840).  
     
  
Malgré les pillages, la maladies et les misères, les colons avaient réussi à s'implanter solidement dans tous les territoires dont l'accès ne leur était pas formellement interdit, dans le domaine très exigu qui nous était reconnu par le traité de la Tafna, au voisinage d'Oran, d'Arzew, de Mostaganem, d'Alger, de Bougie et de Bône. Le maréchal Valée avait fondé Philippeville, destinée à devenir le port de Constantine, dans la baie de Stora. Mais c'est surtout dans le Sahel et la Mitidja que l'œuvre fut réellement remarquable; de cette époque datent, dans le Sahel, Dely-Ibrahim, Birkadem, Husseïn-Dey, Mahelma, Cheraga, El-Biar, Staouéli, Douéra; dans la Mitidja, Boufarik, Beni-Mered, l'Arba, l'Harrach ; 8 000 hectares de terre avaient été mis en culture, dont près de 7 000 dans la région d'Alger; 64 000 oliviers avaient été greffés, 327 000 arbres plantés, dont 87 000 mûriers. On faisait surtout des céréales et de l'élevage; cependant on avait déjà planté un peu de vigne et fait quelques essais de coton. De décembre 1835 à mars 1836, plus de 2 000 colons débarquèrent à Alger; le ministre de la Guerre était assailli de demandes. A la fin de 1839, la population européenne de l'Algérie s'élevait à 25 000 habitants, dont 11 000 Français; il y avait 14 000 Européens à Alger, 5 000 à Oran, 3 000 à Bône, le surplus se partageant entre Bougie, Mostaganem, Constantine et Philippeville. Les Français dominaient à Alger (6 800), les Espagnols à Oran (2 300), les Maltais à Bône (1300), marquant déjà une répartition géographique qui devait se continuer par la suite. La population rurale atteignait 2 600 individus. Les importations atteignaient 36 millions, les exportations 5 millions; chiffres bien modestes encore, mais en progression constante. Le problème de la colonisation algérienne paraissait résolu.
 

L'INSURRECTION DE 1839

 
De tous les efforts de cette vaillante génération, il rie devait rester que peu de traces ; dans la Mitidja notamment, leur oeuvre allait être complètement anéantie. Le 3 novembre 1839, Abd-el-Kader écrivait au maréchal Valée qu'il considérait l'expédition des Portes-de-Fer comme une rupture : " Pour que vous ne m'accusiez pas de trahison, ajoutait-il, je vous préviens que je vais recommencer la guerre. Préparez-vous donc, prévenez vos voyageurs, vos isolés, en un mot prenez toutes vos précautions comme vous l'entendrez." La rupture prit cependant le gouverneur au dépourvu. Il croyait encore à la paix et envoya Ben-Durand à Médéa porteur d'une lettre pour l'émir. Celui-ci tint conseil avec ses khalifas, qui se prononcèrent pour la guerre. Resté seul avec BenDurand, Abd-el-Kader lui dit : " Les khalifas veulent la guerre. Le peuple me traite de kafir parce qu'elle n'est pas encore commencée ; les Français en sont la cause, je ne la désirais pas ".
 
  208  
Page précédente Retour page Table des matières Page suivante