Page précédente HISTOIRE DES COLONIES FRANÇAISES - Tome2 - Retour page Table des matières ALGÉRIE - LIVRE II  - CHAP. II Page suivante
  L' OCCUPATION RESTREINTE (1834-1840).  
     
   On pourrait citer encore Saint-Guilhem à l'Arba, de Montaigu aux Beni-Moussa, Lapeyrière à Boukandoura.
Sauf dans les environs immédiats d'Alger, où s'élevaient des maisons de plaisance mauresques, d'ailleurs dévastées par la guerre, il n'existait aucune construction. Il fallait délimiter la propriété, construire un mur d'enceinte, édifier une maison de maître, des abris pour les ouvriers, des hangars, des écuries, capter des sources, drainer, assainir, défricher. Il n'y avait pas de routes, pas de ponts, pas de moyens de communication d'aucune sorte; aller à Alger vendre son blé était une véritable expédition; à chaque ravin, on déchargeait la voiture et il fallait quatre jours pour franchir la distance de 40 kilomètres qui sépare Blida d'Alger. Surtout, l'insalubrité était grande dans la Mitidja, faute de travaux de dessèchement et l'insécurité n'était pas moins redoutable.
Le maréchal Clauzel, dans son second comme dans son premier gouvernement, s'efforça d'encourager la colonisation. Il y avait à Boufarik un camp permanent comportant des baraquements pour 1 500 hommes et des écuries pour 600 chevaux. Des cantiniers et des petits marchands s'étaient groupés à proximité et une ambulance destinée au traitement des indigènes y avait été élevée par les soins du baron de Vialar et confiée au docteur Pouzin. Un appel avait été adressé par lui en France pour une souscription. La sueur de M. de Vialar, fondatrice et supérieure des sueurs de Saint-Joseph-de-l'Apparition, vint soigner les malades, accompagnée de trois autres religieuses.

Par un arrêté du 27 septembre 1 836, Clauzel décida de distribuer à Boufarik des lots de terre de 4 hectares moyennant une redevance annuelle de 2 francs par hectare. Au printemps de 1837, il y avait déjà à Médina-Clauzel, comme on appelait le nouveau centre, 150 personnes et 500 en octobre. Boufarik, aujourd'hui florissant et magnifique, devait passer par de cruelles épreuves. Pendant cinq ans, il fallut chaque jour lutter avec les indigènes; les vols, les incendies, les assassinats étaient continuels. Surtout, dans cette localité entourée de marais et de fondrières, la fièvre et la dysenterie firent de terribles ravages. Il mourait un cinquième et quelquefois un tiers des colons tous les ans. La population se renouvela entièrement trois fois en quelques années et l'expression " une figure de Boufarik " était devenue proverbiale en Algérie pour désigner les paludéens. L'histoire de Boufarik pendant dix ans est un véritable nécrologe.
Grands et petits colons ont prospéré dans des conditions absolument anormales et ont accompli une oeuvre magnifique. Aussi le général Dubourg s'indignait-il lorsqu'il lisait que les Français ne savaient pas coloniser : " Cette maxime, s'écriait-il, est fausse jusqu'à l'absurdité. "

 
  207  
Page précédente Retour page Table des matières Page suivante