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U cours de son
histoire, la France, en raison de sa double vocation maritime
et continentale, n'a eu la liberté d'esprit nécessaire pour
s'occuper des colonies que lorsqu'elle n'avait pas en Europe
même de trop graves préoccupations. " L'Afrique, dit
Guizot, est l'affaire de nos temps de loisir ". Il faut
ajouter que les hommes de la monarchie de juillet étaient
plus ou moins imbus du préjugé qui considérait les affaires
européennes comme seules dignes de retenir l'attention; ils
ne pouvaient prévoir l'importance que les questions
coloniales devaient prendre à la fin du dix-neuvième siècle
et au vingtième siècle. |
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LA SITUATION EN
1840 |
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En 1840, la situation
européenne s'est améliorée; la France ne songe plus à
abandonner l'Algérie; pour la conserver, une seule solution
restait possible : la conquête et la pacification totales.
Les essais d'occupation restreinte avaient échoué, les
tentatives de protectorat avaient avorté. " La conquête
effective de toute l'Algérie, dit Guizot, était devenue la
condition même de notre établissement à Alger et sur la
côte. Les esprits hostiles à cet établissement et les
esprits timides qui en redoutaient les charges essayaient
encore de résister à ce qu'ils appelaient un dangereux
entraînement; mais, pour les esprits plus fermes et à plus
longue vue, cet entraînement était un résultat nécessaire
de la situation et comme un fait déjà accompli. Ainsi se
sont faites la plupart des grandes choses, qui ont fait les
grandes nations par la main des grands hommes. "
Bugeaud débarqua à Alger le 22 février 1841; il conserva
ses fonctions de gouverneur général jusqu'au 11 septembre
1847. Il eut donc ce qui avait manqué à ses prédécesseurs
: le temps. La grande lutte qui commence le 20 novembre 1839
avec la déclaration de guerre sainte se termine le 23
décembre 1847 avec la soumission d'Abd-el-Kader entre les
mains de La Moricière. Elle coïncide donc assez exactement
avec le gouvernement de Bugeaud, car, lorsqu'il arriva, les
résultats étaient médiocres et lorsqu'il partit il ne
restait plus qu'à recueillir les fruits de son effort et à
laisser venir le dénouement qu'il avait préparé. Bugeaud
fut soutenu par le ministère Soult-Guizot, qui, arrivé au
pouvoir à la fin de 1840, devait s'y maintenir jusqu'en 1848. |
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