Page précédente HISTOIRE DES COLONIES FRANÇAISES - Tome2 - Retour page Table des matières ALGÉRIE - LIVRE II  - CHAP. III Page suivante
  LA CONQUÊTE INTÉGRALE - BUGEAUD ET ABD-EL-KADER (1840-1848)  
     
  

I

 
U cours de son histoire, la France, en raison de sa double vocation maritime et continentale, n'a eu la liberté d'esprit nécessaire pour s'occuper des colonies que lorsqu'elle n'avait pas en Europe même de trop graves préoccupations. " L'Afrique, dit Guizot, est l'affaire de nos temps de loisir ". Il faut ajouter que les hommes de la monarchie de juillet étaient plus ou moins imbus du préjugé qui considérait les affaires européennes comme seules dignes de retenir l'attention; ils ne pouvaient prévoir l'importance que les questions coloniales devaient prendre à la fin du dix-neuvième siècle et au vingtième siècle.
 

LA SITUATION EN 1840

 
En 1840, la situation européenne s'est améliorée; la France ne songe plus à abandonner l'Algérie; pour la conserver, une seule solution restait possible : la conquête et la pacification totales. Les essais d'occupation restreinte avaient échoué, les tentatives de protectorat avaient avorté. " La conquête effective de toute l'Algérie, dit Guizot, était devenue la condition même de notre établissement à Alger et sur la côte. Les esprits hostiles à cet établissement et les esprits timides qui en redoutaient les charges essayaient encore de résister à ce qu'ils appelaient un dangereux entraînement; mais, pour les esprits plus fermes et à plus longue vue, cet entraînement était un résultat nécessaire de la situation et comme un fait déjà accompli. Ainsi se sont faites la plupart des grandes choses, qui ont fait les grandes nations par la main des grands hommes. "
Bugeaud débarqua à Alger le 22 février 1841; il conserva ses fonctions de gouverneur général jusqu'au 11 septembre 1847. Il eut donc ce qui avait manqué à ses prédécesseurs : le temps. La grande lutte qui commence le 20 novembre 1839 avec la déclaration de guerre sainte se termine le 23 décembre 1847 avec la soumission d'Abd-el-Kader entre les mains de La Moricière. Elle coïncide donc assez exactement avec le gouvernement de Bugeaud, car, lorsqu'il arriva, les résultats étaient médiocres et lorsqu'il partit il ne restait plus qu'à recueillir les fruits de son effort et à laisser venir le dénouement qu'il avait préparé. Bugeaud fut soutenu par le ministère Soult-Guizot, qui, arrivé au pouvoir à la fin de 1840, devait s'y maintenir jusqu'en 1848.
 
  214  
Page précédente Retour page Table des matières Page suivante