|
 |
Montagnac avait commis une
imprudence inconcevable; tout ce qu'on peut dire, c'est que sa
mort héroïque a racheté ses erreurs. Quelques jours après
se produisit un nouvel accident, peut-être plus douloureux
encore, car c'était une défaillance de l'honneur militaire.
A Sidi-Moussa, près d'Ain-Temouchent, 200 hommes, commandés
par le lieutenant Marin, se rendaient sans combattre à
Abd-el-Kader et déposaient leurs armes à ses pieds. |
|
LA GRANDE
INSURRECTION (NOVEMBRE 1845-JUILLET 1846) |
|
Les indigènes furent
éblouis par l'éclat de ces deux succès. Leur imagination
s'en empara et les grossit démesurément. L'incendie se
ralluma partout à . la fois, dans le Dahra, dans la vallée
du Chélif, à la frontière marocaine, dans le Titteri.
Abd-el-Kader s'unit à Bou-Maza qu'il nomma son khalifa.
L'insurrection devenait générale et la situation était
grave. Bugeaud, alors en congé en France, se hâta de
revenir. Il agit avec la décision et la vigueur que
commandaient les circonstances; dix-huit colonnes, commandées
par La Moricière, Bedeau, Cavaignac, d'Aumale, Yusuf,
Saint-Arnaud, Pélissier, Comman, Géry, d'Arbouville, Gentil,
Marey, Korte, Mac-Mahon, Canrobert, Bourjolly, Eynard, Bugeaud
lui-même, furent sur pied en même temps, formant un immense
demi-cercle qui allait de la Tafna à la Kabylie, pour
empêcher Abd-el-Kader de pénétrer dans le Tell. C'est une
véritable chasse à l'homme qui s'organise sur près de huit
cents lieues, du Sahara au Djurjura. L'émir manœuvre avec
une incroyable rapidité, passant à travers les mailles du
réseau destiné à l'arrêter, apparaissant là où il est le
moins attendu. Il feint de s'enfoncer dans le Sahara, puis se
montre dans la vallée du Chélif, mais les tribus qu'il
appelle à lui ne bougent pas, les colonnes se rapprochent
pour l'envelopper. Il se dérobe avant que le cercle se soit
fermé, passe au Sud de Sebdou et de Saïda, à Taguine, près
de Boghar, à l'Est de Hamza et va rejoindre en Kabylie son
khalifa BenSalem. Il pénètre chez les Khachna, dont il tue
les chefs et pille les tentes. Il menace la Mitidja, défendue
seulement par quelques gendarmes et par un bataillon de
disciplinaires armés en hâte. |
|
|