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  LA CONQUÊTE INTÉGRALE - BUGEAUD ET ABD-EL-KADER (1840-1848)  
     
  
LE MARABOUT DE SIDI-BRAHIM Montagnac avait commis une imprudence inconcevable; tout ce qu'on peut dire, c'est que sa mort héroïque a racheté ses erreurs. Quelques jours après se produisit un nouvel accident, peut-être plus douloureux encore, car c'était une défaillance de l'honneur militaire. A Sidi-Moussa, près d'Ain-Temouchent, 200 hommes, commandés par le lieutenant Marin, se rendaient sans combattre à Abd-el-Kader et déposaient leurs armes à ses pieds.
 

LA GRANDE INSURRECTION (NOVEMBRE 1845-JUILLET 1846)

 
Les indigènes furent éblouis par l'éclat de ces deux succès. Leur imagination s'en empara et les grossit démesurément. L'incendie se ralluma partout à . la fois, dans le Dahra, dans la vallée du Chélif, à la frontière marocaine, dans le Titteri. Abd-el-Kader s'unit à Bou-Maza qu'il nomma son khalifa. L'insurrection devenait générale et la situation était grave. Bugeaud, alors en congé en France, se hâta de revenir. Il agit avec la décision et la vigueur que commandaient les circonstances; dix-huit colonnes, commandées par La Moricière, Bedeau, Cavaignac, d'Aumale, Yusuf, Saint-Arnaud, Pélissier, Comman, Géry, d'Arbouville, Gentil, Marey, Korte, Mac-Mahon, Canrobert, Bourjolly, Eynard, Bugeaud lui-même, furent sur pied en même temps, formant un immense demi-cercle qui allait de la Tafna à la Kabylie, pour empêcher Abd-el-Kader de pénétrer dans le Tell. C'est une véritable chasse à l'homme qui s'organise sur près de huit cents lieues, du Sahara au Djurjura. L'émir manœuvre avec une incroyable rapidité, passant à travers les mailles du réseau destiné à l'arrêter, apparaissant là où il est le moins attendu. Il feint de s'enfoncer dans le Sahara, puis se montre dans la vallée du Chélif, mais les tribus qu'il appelle à lui ne bougent pas, les colonnes se rapprochent pour l'envelopper. Il se dérobe avant que le cercle se soit fermé, passe au Sud de Sebdou et de Saïda, à Taguine, près de Boghar, à l'Est de Hamza et va rejoindre en Kabylie son khalifa BenSalem. Il pénètre chez les Khachna, dont il tue les chefs et pille les tentes. Il menace la Mitidja, défendue seulement par quelques gendarmes et par un bataillon de disciplinaires armés en hâte.
 
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