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Les immigrants demandent à être
groupés entre originaires de la même région : on peuple
Chéragas de paysans du Var, comme la Stidia d'Allemands. Les
côtes sont poissonneuses et inexploitées : trois villages de
pêcheurs sont créés à Aïn-Benian (Guyotville), à
Sidi-Ferruch et à Notre-Dame de Fouka.
Le chef-d'œuvre de la colonisation à cette époque est le
Sahel d'Alger, où s'élèvent de nombreux et beaux villages;
d'autres sont créés dans la plaine de la Mitidja et en
bordure de l'Atlas de Blida. Les environs d'Oran et de
Mostaganem, de Tlemcen, de Mascara, la banlieue de
Constantine, les routes reliant Constantine à Bône et à
Philippeville, les vallées de Bône et de Philippeville
voient affluer de nombreux colons. Alger se développe et
s'aménage, avec des méthodes d'urbanisme assez médiocres il
est vrai et non sans entraîner une destruction de l'Alger
turc contre lequel proteste Berbugger. Des villes européennes
se créent dans les trois provinces : à Blida, Miliana,
Médéa, Koléa, Cherchel, dans la province d'Alger; à Oran,
Mostaganem, Arzew, Mascara, dans la province d'Oran ; à
Constantine, Bougie, Philippeville, Bône, Sétif, Guelma,
dans la province de Constantine. Il y a 1 500 kilomètres de
routes, des services de voitures entre Alger et Médéa, entre
Oran et Mostaganem, Mascara, Tlemcen. Les ports s'outillent,
le commerce se développe. La métropole peut déjà constater
les bénéfices que lui vaut sa conquête : un accroissement
de 40 pour 100 du tonnage de ses ports méditerranéens, une plus-value
de 25 pour 100 des douanes, représentant un mouvement de
marchandises de 60 à 80 millions. En 1847, au moment du
départ de Bugeaud, il y avait en Algérie 109 000 Européens
(au lieu de 28 000 en 1840) et 52 000 Français; on comptait
15 000 colons ruraux (au lieu de 1 500 en 1840), dont 9 000
Français.
C'est à juste titre que le nom de Bugeaud est lié
indissolublement à la conquête et à la colonisation de
l'Algérie et que, dès 1852, une statue lui a été élevée
à Alger. Créateur de l'armée d'Afrique, conquérant et
colonisateur de l'ancienne Régence, Bugeaud fut un puissant
génie. C'est à lui que la France doit l'Algérie, et, par
l'Algérie, tout son empire africain. |
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