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  LA CONQUÊTE INTÉGRALE - BUGEAUD ET ABD-EL-KADER (1840-1848)  
     
  
Bugeaud en fut profondément blessé et il avait lieu de l'être, car il était directement visé; la meilleure preuve, c'est qu'aussitôt après son départ, le droit d'accorder des concessions fut rendu au duc d'Aumale par l'ordonnance du ter septembre 1847.
 

LES RÉSULTATS

 
Les résultats obtenus pendant cette période sont considérables. La colonisation fut méthodiquement entreprise à partir de 1842. Une circulaire adressée aux préfets de France fit connaître les conditions à remplir pour obtenir une concession gratuite. Appel était fait en même temps aux ouvriers de métier, maçons, charrons, forgerons, charpentiers, qui eux aussi devaient être transportés gratuitement. A partir de 1843, les demandes de concessions deviennent très nombreuses; elles émanent souvent de familles de petits propriétaires. Les immigrants français proviennent surtout des départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin, de la Moselle, des Vosges, de l'Isère. Enfantin préconisait l'immigration allemande sur une vaste échelle; parmi les étrangers, on compte effectivement beaucoup d'Allemands originaires des pays rhénans, du pays de Bade, du Wurtemberg. En 1846, 800 émigrants allemands destinés au Brésil et abandonnés à Dunkerque sont établis dans les villages de la Stidia et de Sainte-Léonie. Les Irlandais et les Suisses fournissent un certain contingent. En 1845, il est délivré près de 6 000 permis de passage individuels ou de famille, qui portent sur plus de 14 000 personnes, dont plus de 12 000 Français; parmi ces derniers, 5 000 sont Alsaciens. En 1845 l'afflux est plus fort encore : 46 000 personnes débarquent en Algérie; le solde net des arrivées diminué des départs atteint 20 000. Il y a plus de 1 800 demandes de concessions déposées à la direction de l'Intérieur. C'est le point culminant de l'immigration. A partir de 1846, diverses causes la ralentissent; les ordonnances de 1844 et de 1846 sur la propriété arrêtent les créations de centres nouveaux et on n'a plus de terres pour les demandeurs. En février 1846, au moment de la grande insurrection, on put craindre le retour des événements de 1839. Enfin, plusieurs mauvaises récoltes, des invasions de sauterelles, une crise immobilière à Alger exercent leur influence.

Avec une ingéniosité et une souplesse qu'elle ne montra pas toujours par la suite, l'administration s'efforce de donner satisfaction à tous les besoins et d'utiliser toutes les possibilités. Les colons hésitent à construire, s'effraient du défrichement, perdent dans les débuts leur temps et leurs forces : à Sainte-Amélie, à Saint-Ferdinand, on leur construit leurs maisons, on leur défriche 4 hectares sur 12.

 
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