Les résultats obtenus pendant
cette période sont considérables. La colonisation fut
méthodiquement entreprise à partir de 1842. Une circulaire
adressée aux préfets de France fit connaître les conditions
à remplir pour obtenir une concession gratuite. Appel était
fait en même temps aux ouvriers de métier, maçons,
charrons, forgerons, charpentiers, qui eux aussi devaient
être transportés gratuitement. A partir de 1843, les
demandes de concessions deviennent très nombreuses; elles
émanent souvent de familles de petits propriétaires. Les
immigrants français proviennent surtout des départements du
Bas-Rhin, du Haut-Rhin, de la Moselle, des Vosges, de
l'Isère. Enfantin préconisait l'immigration allemande sur
une vaste échelle; parmi les étrangers, on compte
effectivement beaucoup d'Allemands originaires des pays
rhénans, du pays de Bade, du Wurtemberg. En 1846, 800
émigrants allemands destinés au Brésil et abandonnés à
Dunkerque sont établis dans les villages de la Stidia et de
Sainte-Léonie. Les Irlandais et les Suisses fournissent un
certain contingent. En 1845, il est délivré près de 6 000
permis de passage individuels ou de famille, qui portent sur
plus de 14 000 personnes, dont plus de 12 000 Français; parmi
ces derniers, 5 000 sont Alsaciens. En 1845 l'afflux est plus
fort encore : 46 000 personnes débarquent en Algérie; le
solde net des arrivées diminué des départs atteint 20 000.
Il y a plus de 1 800 demandes de concessions déposées à la
direction de l'Intérieur. C'est le point culminant de
l'immigration. A partir de 1846, diverses causes la
ralentissent; les ordonnances de 1844 et de 1846 sur la
propriété arrêtent les créations de centres nouveaux et on
n'a plus de terres pour les demandeurs. En février 1846, au
moment de la grande insurrection, on put craindre le retour
des événements de 1839. Enfin, plusieurs mauvaises
récoltes, des invasions de sauterelles, une crise
immobilière à Alger exercent leur influence.
Avec une ingéniosité et une souplesse qu'elle ne montra
pas toujours par la suite, l'administration s'efforce de
donner satisfaction à tous les besoins et d'utiliser toutes
les possibilités. Les colons hésitent à construire,
s'effraient du défrichement, perdent dans les débuts leur
temps et leurs forces : à Sainte-Amélie, à Saint-Ferdinand,
on leur construit leurs maisons, on leur défriche 4 hectares
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