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  L'ALGÉRIE SOUS LA SECONDE RÉPUBLIQUE (1848-1851)  
     
  
Mais désormais, un fait est acquis : c'est que les Français n'abandonneront pas l'Algérie, qu'ils ne se borneront pas non plus à occuper quelques points sur le littoral, mais que, tôt ou tard, les indigènes devront se soumettre à leur hégémonie, dont ne les garantiront ni les montagnes, ni le désert. Abd-el-Kader, qui luttait contre nous dans des conditions exceptionnellement favorables, a été vaincu par Bugeaud ; aux yeux mêmes des indigènes, Dieu s'est prononcé en notre faveur. Çà et là, ils essaieront encore d'en appeler de ce jugement et de faire parler la poudre, mais jamais plus ils ne trouveront un pareil chef; jamais plus l'incendie allumé sur quelques points ne s'étendra à l'Algérie tout entière. Jamais plus, tout au moins aux yeux des hommes clairvoyants, Français ou indigènes, la question ne se posera de savoir à qui, en fin de compte, doit appartenir la Berbérie. La situation, à bien des égards, est comparable à celle de la Gaule après la chute de Vercingétorix. Il y aura encore de brillants faits d'armes, de pénibles expéditions, de glorieuses conquêtes. Cependant les questions relatives à l'organisation du pays et à sa mise en valeur passent désormais au premier plan. Ce sont celles auxquelles l'historien doit s'attacher de préférence à partir de cette époque.
 

LA RÉVOLUTION DE 1848 ET SES CONSÉQUENCES

 
Presque tous les généraux d'Afrique jouèrent un rôle politique dans la révolution de 1848 et furent députés à la Constituante ou à la Législative, car tous les militaires étaient à cette époque, comme l'on sait, électeurs et éligibles, non sans dommage pour la discipline de l'armée. La plupart de ces officiers ne sortirent d'ailleurs pas grandis d'avoir été mêlés aux agitations politiques. Bugeaud, bien qu'il eût offert à Louis-Philippe de réprimer l'émeute par les moyens les plus énergiques, était disposé, d'après divers témoignages, à se rallier à la République, espérant en devenir le chef. Mme Dosne, dans ses Mémoires, le montre " bavardant comme une vieille femme, toujours préoccupé de lui-même, d'une vanité de sauvage ". " C'est grand'pitié, dit-elle, de le considérer de près; probablement sur un champ de bataille il aurait sa véritable valeur, mais hors de là ! " La candidature du maréchal à la présidence de la République prit un moment une certaine consistance, mais il ne tarda pas à se désister devant les progrès de la candidature du prince Louis-Napoléon, et il fut nommé au commandement de l'armée des Alpes. Il était d'ailleurs malade et usé; il mourut du choléra en juin 1849. Changarnier, qui commandait l'armée de Paris, aspirait, lui aussi, à la présidence de la République : " Il a la tête un peu tournée, dit encore Mme Dosne. Il croit, parce qu'il a une armée dans les mains, tenir avec elle les destinées du pays. Aussi habile militaire que pauvre tête politique, il veut avoir un pied dans tous les camps. "
 
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